L’industrie du porno s’organise contre le piratage sur internet aux Etats-Unis

photo_1285579273234-1-1.jpg
écran informatique lors d’un téléchargement (Photo : Joel Saget)

[27/09/2010 09:29:55] SAN FRANCISCO (AFP) Face aux usagers qui pratiquent le piratage sur internet, les nombreux acteurs de l’industrie américaine du porno se tiennent les coudes pour assurer leur survie.

Démarche inhabituelle pour une industrie légendairement fragmentée, les studios producteurs de DVD et de contenu internet pornographique ont commencé à coopérer en poursuivant en justice ceux qui téléchargent ou partagent sans payer des vidéos porno via les réseaux d’échanges communautaires dits peer-to-peer (P2P).

Ensemble, ils ont commencé à explorer les moyens techniques de suivre automatiquement un internaute échangeant des films par ce moyen et de protéger les droits de leurs oeuvres en ligne.

Les studios Pink Visual ont rallié derrière eux une douzaine d’intervenants du secteur de la vidéo pour adultes, qui doivent participer à une réunion en Arizona en octobre, baptisée : “la Retraite pour un contenu protégé”.

Il s’agit de se former à combattre le piratage et à défendre la propriété intellectuelle : au programme, interventions d’avocats et présentations de logiciels mouchards.

Les participants vont apprendre à utiliser des logiciels capables de détecter la circulation en ligne d’images protégées et d’en couper la diffusion ou de la brouiller par des panneaux publicitaires ou des messages.

“On plaisante sur le fait qu’on n’arrive pas à se mettre d’accord dans la profession quand il s’agit de déjeuner ensemble, mais (le piratage) devient énorme et nous sommes prêts à mettre nos egos de côté pour trouver des solutions ensemble”, explique le directeur de Lightspeed studio, Steve Lightspeed.

“Le piratage sur internet est plus accessible que jamais à l’utilisateur moyen”, ajoute-t-il.

Internet a d’abord fait prospérer les producteurs de vidéo porno en leur ouvrant une plus large clientèle grâce à l’intimité qu’offre un ordinateur, explique la présidente de Pink, Allison Vivas.

“Les gens étaient prêts à payer pour du porno. Maintenant c’est comme si la majorité des utilisateurs pensaient que faire du porno c’est gratuit”, affirme-t-elle. “Il y a eu un changement du tout au tout en quelques années”.

Ces dernières semaines, les producteurs du secteur ont entamé des poursuites en justice en masse.

photo_1285579748653-1-1.jpg
ésident-fondateur de Larry Flint Publications, qui produit des films porno, et l’acteur américain Woody Harrelson, à une première à Hollywood le 5 mars 2008 (Photo : Mark Mainz)

Larry Flynt Publications a traîné devant un tribunal du Texas le 20 septembre 635 usagers de sites de protocole de transferts de données BitTorrent et entend en poursuivre davantage.

A travers ces actions en justice, les plaignants prévoient de publier les noms des utilisateurs pirates de contenu porno, une procédure qui pourrait avoir un effet dissuasif.

“Il pourrait être tout à fait embarrassant pour quelqu’un d’être traîné devant un tribunal pour avoir piraté un célèbre titre de DVD transsexuel. Quand il s’agit de vos fantasmes et autres fétiches, cela ne vaut peut-être pas le coup de prendre le risque de livrer cela au public en utilisant ces réseaux P2P”, souligne Mme Vivas.

“La technologie est en avance sur la législation”, affirme M. Lightspeed. “On doit vraiment s’organiser entre nous et faire pression pour changer la loi”. Lightspeed a investi 25.000 dollars dans un site internet qui a dû être fermé pour cause de piratage.

“Les compagnies font faillite à droite à gauche. On doit s’adapter et changer nos modes de fonctionnement”, ajoute la présidente de Pink Visual qui s’est aussi lancée dans la diffusion de porno sur les mobiles d’Apple.

“Beaucoup de gens pensent que les producteurs de porno ont gagné assez d’argent et ils ne veulent plus payer. Mais tout le monde doit travailler et on paie nos impôts comme tout un chacun”, conclut Steve Lightspeed.