Petrobras lance ses nouvelles actions à Sao Paulo, poids de l’Etat accru

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ère phase de l’augmentation de capital de Petrobras, le 24 septembre 2010 à Wall Street (Photo : Ben Hider)

[27/09/2010 18:00:37] SAO PAULO (AFP) Petrobras a lancé lundi à Sao Paulo la deuxième phase de son augmentation de capital géante, après une première émission réussie à Wall Street, mais les analystes s’inquiétaient du poids accru de l’Etat au sein du pétrolier brésilien.

Cette levée de fonds peut atteindre 70 milliards de dollars, l’une des plus importantes réalisées au monde.

Petrobras a écoulé sans problèmes ses nouveaux titres. Mais un échec semblait peu probable “puisque l’on savait déjà que le gouvernement brésilien achèterait tout ce qui ne serait pas acheté” par le secteur privé, a affirmé l’éditiorialiste économique du quotidien O Globo, Miriam Leitao.

Les nouveaux titres de la société contrôlée par l’Etat ont commencé à être négociés vendredi à la Bourse de New York où ils ont ont terminé en baisse de 1,85% à 34,93 dollars.

Lundi à Sao Paulo, l’action préférentielle se dévaluait à la mi-journée de 0,11% à 26,27 reais (15,36 dollars) tandis que l’action ordinaire évoluait en hausse de 0,67% à 29,85 reais (17,45 dollars).

Selon le journal Folha de Sao Paulo, les analystes tablaient sur une trajectoire instable des nouveaux titres car, face à l’offre massive de nouvelles actions, ils prévoyaient que le marché mettrait du temps à les absorber.

Cette augmentation de capital géante doit permettre à Petrobras de financer son ambitieux plan d’investissements de 224 milliards de dollars d’ici à 2014, sans augmenter son endettement déjà élevé.

Le Brésil cherche à financer la difficile et coûteuse exploitation des nouveaux gisements de pétrole découverts récemment en eaux très profondes sous une épaisse couche de sel (dits “pre-sal”) dans l’océan Atlantique.

Analystes et courtiers consultés par l’AFP ont indiqué qu’en dépit de la forte demande d’actions il existe des “incertitudes” chez les investisseurs.

L’exploitation encore hypothétique de cet or noir ne “donne pas de certitudes de bénéfices aux investisseurs”.

Les experts s’interrogent surtout sur le poids accru de l’Etat dont la participation est passée de 40% à 48%. “L’intervention du gouvernement dans les décisions, pendant tout le processus, a été trop importante pour une entreprise à capital ouvert avec des actions sur le marché brésilien et étranger”, a jugé Miriam Leitao.

Elle rappelle que, cette année, Petrobras a perdu un quart de sa valeur boursière, en raison de l’augmentation prévue de la part de l’Etat.

“Le petit investisseur est entre les mains du gouvernement”, a déclaré de son côté à l’AFP le professeur d’économie de l’Université de Sao Paulo, Fabio Knczuck.

Le prix de Petrobras est inférieur à celui d’autres pétroliers “en raison de cette ingérence publique”, a-t-il estimé. Néanmoins, selon lui, les investisseurs estiment que l’action “est très bon marché et a un potentiel de croissance”.

Pour un ex-président de la Banque centrale, Gustavo Franco, le gouvernement aurait pu faire appel uniquement à des capitaux privés pour refinancer le pétrolier.

“S’il le fait avec des ressources publique, avec l’argent de nos impôts, il reste moins pour l’éducation et la santé”, a-t-il souligné.

Petrobras prévoit en 2014 une production moyenne de 3,9 millions de barils par jour – dont un million de bpj extrait des grandes profondeurs – et de 5,4 millions en 2020, contre une moyenne de 2,6 mbj aujourd’hui.