Aviation : la consolidation gagne le low-cost, Southwest grossit encore

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à l’aéroport international de los Angeles le 21 décembre 2009 (Photo : David Mcnew)

[27/09/2010 19:10:20] NEW YORK (AFP) La consolidation du secteur aérien traditionnel, qui semble avoir atteint un palier aux Etats-Unis, a gagné lundi le secteur des compagnies à bas coût, avec le rapprochement de Southwest et AirTran.

Southwest, le géant du secteur classé en tête du nombre de passagers (toutes distances confondues) par l’association internationale IATA (101,4 millions de passagers contre 85,7 millions pour le numéro deux American Airlines), va grandir encore et dépasser les frontières en mettant la main sur AirTran.

L’opération a été saluée par les investisseurs, qui faisaient s’envoler de 12,70% à 13,84 dollars vers 18H30 GMT le cours de l’action de Southwest. Le transporteur texan débourse 1,4 milliard de dollars, sans compter des reprises de dettes de son concurrent qui portent le total de la transaction à 3,2 milliards de dollars.

Pour les actionnaires d’AirTran, l’opération va leur rapporter 69% de plus que le cours de clôture de vendredi soir, soit environ 7,69 dollars, dont 3,75 dollars en numéraire. Logiquement, le cours de la société s’envolait de 61,54% à 7,35 dollars.

Dans la corbeille de mariage, AirTran, dont les appareils porteront à terme les couleurs orange, rouge et bleu de Southwest, apporte des destinations importantes pour compléter son réseau, à commencer par la desserte d’Atlanta (Georgie, sud-est), devenu le premier aéroport aux Etats-Unis, ainsi que plusieurs destinations internationales aux Caraïbes et au Mexique.

Or, le PDG de Southwest Gary Kelly a souligné que l’international était pour lui un axe de développement. La compagnie envisage d’ailleurs d’acquérir des Boeing 737-800, qui lui permettraient d’assurer des liaisons longue distance.

La transaction, première fusion dans le secteur des low-costs aux Etats-Unis, a été approuvée à l’unanimité des conseils d’administration des deux compagnies, mais doit encore recevoir l’aval des autorités de la concurrence avant de pouvoir être bouclée, sans doute au premier semestre 2011.

Selon Michael Linenberg, analyste à la Deutsche Bank, “vu la duplication minimale entre les réseaux d’AirTran et Southwest, et la récente approbation de la fusion entre Continental et United Airlines par le ministère de la Justice, intervenue en un temps record, nous pensons que la transaction va rencontrer peu d’obstacles”.

Mais Philip Baggaley, de Standard and Poor’s (S&P), notait tout de même que les compagnies étaient toutes deux très présentes sur trois aéroports, Baltimore-Washington, Milwaukee et Orlando, ce qui devrait attirer l’attention des autorités.

D’une façon générale, M. Linenberg était favorable à la transaction: “cela représente un nouveau signe que le secteur est sur le chemin de la restructuration et de sa capacité à être durablement bénéficiaire”.

De fait, selon M. Baggaley, les fusions permettent aux compagnies de se renforcer sans ajouter de capacités.

Pour autant, S&P a mis la note de Southwest, la mieux notée de toutes les compagnies aériennes à “BBB”, sous perspective négative.

“AirTran a d’importants contrats de leasing (environ 2 milliards de dollars) puisque, à l’inverse de Southwest, il ne possède pas de nombreux avions qu’il fait voler”, a noté l’agence de notation dans un communiqué. “Ces engagements vont mécaniquement alourdir l’endettement de Southwest, et donc peser sur son profil de débiteur”.

La note d’AirTran (B-) est en revanche sous perspective positive, avec possibilité qu’elle arrive au niveau de celle de Southwest si l’opération est réalisée comme prévu.

M. Baggaley a par ailleurs indiqué qu’il n’attendait pas de nouvelle consolidation dans le secteur aux Etats-Unis. Il a relevé par exemple qu’une acquisition par Jet Blue de la petite Virgin America “ajouterait un risque financier pour Jet Blue, qui elle-même a dû travailler à redresser sa situation financière”.