çais des Finances Wolfgang Schäuble et Christine Lagarde avant une réunion de l’ECOFIN à Bruxelles le 18 mai 2010. (Photo : John Thys) |
[27/09/2010 20:00:50] BRUXELLES (AFP) La France et l’Allemagne se sont opposées lundi sur l’idée de sanctions quasi automatiques à l’avenir pour les pays européens trop laxistes sur le plan budgétaire, Paris s’y montrant peu favorable alors que Bruxelles fera mercredi des propositions en ce sens.
“La France a toujours été favorable à une gouvernance économique solide et crédible. De là à prévoir un caractère totalement automatique, un pouvoir qui serait exclusivement entre les mains des experts, non”, a déclaré Christine Lagarde, en arrivant à une réunion avec ses homologues européens à Bruxelles.
Elle participait à la cinquième réunion d’un groupe de travail des ministres européens des Finances, placé sous la houlette du président de l’UE Herman Van Rompuy. Ce comité est chargé de réfléchir aux moyens de renforcer la surveillance budgétaire dans l’UE, qui a fait la preuve de son inefficacité avec la crise grecque.
“Il nous semble que le pouvoir politique, l’appréciation politique doit rester dans le jeu”, a ajouté Mme Lagarde, “le politique ne doit pas abdiquer en faveur des experts”.
Une manière de prendre ses distances avec l’Allemagne et la Banque centrale européenne qui ont au contraire fait pression lundi pour que les pays de l’UE décident non seulement de sanctions fermes, mais s’appliquant de manière beaucoup plus mécanique que par le passé.
ésident de la BCE Jean-Claude Trichet, le 27 septembre 2010 à Bruxelles (Photo : John Thys) |
Dans un courrier envoyé à tous ses collègues, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a insisté sur la nécessité de leur donner un caractère “automatique” à l’avenir, à partir du moment où certains seuils sont franchis.
En outre, les mesures punitives ne pourraient être bloquées que si une majorité d’Etats y sont opposés.
“Les sanctions devront être semi-automatiques” et devront “pouvoir être déclenchées suffisamment tôt”, lui a fait écho le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn.
Face aux réticences de certains de ses partenaires, le ministre allemand a appelé à ne pas relâcher l’effort. “J’apprécierais beaucoup votre soutien à mes idées de sanctions plus fortes”, y écrit le ministre, “j’ai hâte d’arriver à un résultat”.
Berlin est de plus en plus irrité de la lenteur des travaux. L’Allemagne réclame la suppression de subventions européennes pour les pays trop laxistes et, à terme, la suspension de leur droit de vote dans les instances européennes.
La BCE est sur la même longueur d’onde. Son président Jean-Claude Trichet, manifestement méfiant quant à la capacité des Etats européens à s’auto-contrôler et à s’auto-sanctionner, après la faillite du Pacte de stabilité européen, a en outre proposé la création d’un comité de sages pour garantir une vraie surveillance.
“Pour renforcer l’examen et le contrôle des politiques budgétaires, la Banque centrale européenne est en faveur d’un organe consultatif de +sages+, à l’échelle de l’Union européenne, qui apporterait une deuxième opinion”, a-t-il déclaré devant une commission du Parlement européen.
La Commission européenne doit aussi présenter mercredi des propositions sur un nouveau système de sanctions pour les pays trop dépensiers, qui ne font pas l’unanimité.
Dans ses propositions attendues mercredi, Olli Rehn prévoit d’obliger à un dépôt équivalent à 0,2% du PIB les pays de la zone euro qui ne gardent pas leurs finances sous contrôle. Bruxelles veut aussi punir financièrement les pays qui ne réduiraient pas suffisamment vite leur dette excessive. Une idée qui suscite les réserves de la France mais aussi de l’Italie notamment.