à Montfermeil (Photo : Eric Feferberg) |
[28/09/2010 06:38:30] PARIS (AFP) Le congrès annuel de la confédération des organismes HLM s’ouvre mardi à Strasbourg dans une atmosphère de crise avec le gouvernement, qui entend ponctionner le mouvement de 340 millions d’euros par an et plafonner la hausse des loyers en 2011.
“C’est inadmissible que les loyers des locataires HLM servent à remplacer les aides de l’Etat pour l’Anru (Agence nationale de rénovation urbaine) et une partie des subventions pour la construction de logements sociaux”, s’indigne auprès de l’AFP Thierry Repentin, président de l’Union sociale pour l’habitat (USH).
Pour M. Repentin, par ailleurs sénateur PS de Savoie, “prélever 1 milliard d’euros sur 3 ans nous obligera à baisser de 20.000 par an le nombre de logements neufs que nous construisons, soit 3,2 milliards d’euros de travaux en moins, et à diminuer la réhabilitation des logements existants”.
Le secrétaire d’Etat au Logement Benoist Apparu, tout en reconnaissant une baisse des “aides à la pierre” dans le budget 2011 car “l’argent public devient une denrée rare”, souligne de son côté “l’effort considérable” de l’Etat en faveur des HLM avec “4,5 milliards d’euros d’avantages fiscaux et 5 milliards d’APL” (aides personnelles au logement) destinées à solvabiliser les locataires.
Le gouvernement va, dans le budget 2011, supprimer pour les HLM l’exonération de la contribution sur les revenus locatifs (CRL, ex-droit au bail), ce qui devrait rapporter 340 millions dont, selon M. Apparu, 250 millions pour l’Anru (réhabilitation des quartiers dégradés) et 90 millions pour “les aides à la pierre”.
Pour Pierre Quercy, le délégué général de l’USH, “le logement social c’est les pauvres, ce n’est pas là qu’il fallait tailler”.
“M. Apparu peut s’attendre à des manifestations d’un caractère inhabituel pendant son discours de clôture du congrès jeudi après-midi”, prévient M. Repentin, qui souligne que ces 340 millions représentent 2% des loyers perçus.
étaire d’Etat au Logement Benoist Apparu à Paris, le 11 juillet 2010 (Photo : Miguel Medina) |
La situation est d’autant plus tendue entre le mouvement HLM et le gouvernement que ce dernier a finalement décidé de limiter les hausses de loyers sociaux en 2011 alors que pour 2010 il s’était contenté d’une recommandation de ne pas dépasser un plafond de 1% de hausse.
M. Apparu a indiqué à l’AFP avoir pris la décision de “limiter en 2011 la hausse des loyers à l’augmentation de l’Indice de référence des loyers (IRL)”.
L’IRL est un indice qui sert de référence pour la révision des loyers d’habitation pour les propriétaires privés. Il est reparti à la hausse depuis le début de l’année (+0,57% sur un an au 2e trimestre, selon l’Insee).
“C’est une mesure aveugle. Le paradoxe c’est que certains organismes, qui ne sont pas obligés de pratiquer des hausses, vont être tentés de le faire. Par contre le nombre d’organismes épaulés par la Caisse de garantie du logement social (CGLS), chargée de les aider dans leur redressement financier, risque de passer de 40 à 90 sur un total de 773”, déplore le président de l’USH.
Autre motif d’inquiétude pour les HLM, dont le thème du congrès est “Une place pour chacun dans la Cité”, la montée des agressions, menaces et insultes contre le personnel. En 2008, dernière année connue, le nombre déclaré de tels incidents s’est élevé à 3.900 (dont 250 arrêts de travail), soit une progression de 14% par rapport à 2007.
“Avec le Droit au logement opposable (Dalo) on renforce les ghettos avec des gens qui ont des problèmes économiques et sociaux, ce qui entraîne une tension grandissante dans certains quartiers à cause des différents trafics, de drogues dures notamment”, déplore M. Quercy.