Les biotechs françaises cherchent toujours leur grand champion

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çais Sanofi-Aventis, le 25 août 2010 à Tours. (Photo : Alain Jocard)

[28/09/2010 09:09:51] PARIS (AFP) Les sociétés françaises de biotechnologies commencent à s’affirmer, avec une demi-douzaine d’introductions en Bourse depuis le début de l’année, mais le secteur peine à faire émerger de grands champions, face à l’écrasante domination des Etats-Unis.

“Après deux années noires (…), les facteurs favorables convergent aujourd’hui pour que le secteur français des biotechnologies décolle enfin”, souligne ainsi une récente étude du cabinet Xerfi consacrée aux biotechs françaises du secteur de la santé.

De fait, les quelques centaines de petites sociétés de biotechnologies françaises, dont une petite vingtaine sont désormais cotées à Paris, surfent depuis fin 2009 sur une série de bonnes nouvelles.

“Les fonds levés en capital-risque au 30 août 2010 dépassent déjà l’ensemble des fonds levés en 2009” et grâce au grand emprunt, “l’ensemble de ce qui va être fléché vers les biotechs représente 2 à 3 milliards d’euros”, se réjouit André Choulika, président de l’association France Biotech, qui rassemble quelque 150 sociétés, dont une moitié évolue dans le domaine de la santé.

Pour le secteur, c’est une bouffée d’air : les biotechnologies –les technologies utilisant le vivant (tissus, cellules, protéines…) pour produire de nouveaux traitements ou substances — sont gourmandes en capitaux.

Ces sociétés, souvent issues de la recherche académique et comptant peu d’employés, doivent mener de longues années de recherche, en particulier dans le domaine pharmaceutique, avant d’espérer engranger des profits.

Mais malgré l’amélioration de leur environnement financier et l’intérêt soutenu que leur porte notamment l’industrie pharmaceutique, qui y cherche les pépites susceptibles de doper sa propre recherche, les biotechs françaises semblent encore loin de pouvoir rattraper leurs concurrentes étrangères.

“Tandis qu’une société nord-américaine réalise en moyenne un chiffre d’affaires de 24 millions d’euros pour un effectif de 65 personnes, une biotech tricolore affiche un chiffre d’affaires moyen de 2 millions d’euros avec 27 salariés”, pointe Xerfi.

L’écart est encore plus impressionnant quand on scrute les grands groupes américains du secteur: en France, pas de Genzyme, valorisé par Sanofi-Aventis 18,5 milliards de dollars, de Genentech, que Roche avait acquis en 2009 pour 46,8 milliards de dollars, ou d’Amgen, qui vient d’engranger 1,2 milliard de dollars de bénéfices au 2e trimestre.

“C’est un retard structurel, personne n’imagine que la France ou l’Angleterre dépasse un jour les Etats-Unis”, avance Claude Allary, fondateur associé du cabinet de conseil Bionest Partners.

Souvent présentées comme des locomotives du secteur, NicOx a souffert du récent refus des autorités sanitaires d’autoriser la commercialisation de son premier médicament aux Etats-Unis, et Transgene “n’a toujours pas atteint le marché”, relève M. Allary, qui tranche : “On n’a pas de grand champion en France”.

En cause, selon Jean-François Mouney, PDG et co-fondateur de la biotech Genfit, un trop grand “saupoudrage” des aides à destination du secteur. “A mon sens, en créant beaucoup de start-ups, on ne multiplie pas forcément les belles histoires”, fait-il valoir.

“Oui, il y a de l’argent disponible, mais il faut éviter de le saupoudrer ou d’aller uniquement vers des domaines à la mode”, avance-t-il. “Il y a encore beaucoup à consolider dans les biotechs” en France, conclut-il.