Le Brésil se jette à son tour dans la mêlée de la “guerre des changes”

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ésilien des Finances Guido Mantega et le président de la banque centrale brésilienne, Henrique Meirelles, présentent les nouveaux billets de banque brésiliens, à Brasilia le 3 février 2010. (Photo : Adriano Machado)

[28/09/2010 15:20:17] LONDRES (AFP) Après les grandes puissances occidentales, le Brésil s’alarme à son tour de la “guerre des changes” qui menace ses exportations dans un contexte mondial plus compétitif que jamais, où la Chine est montrée du doigt pour son refus de réévaluer franchement sa monnaie.

Le monde se trouve “au beau milieu d’une guerre des changes internationale”, a estimé le ministre brésilien des Finances Guido Mantega, selon des propos rapportés mardi par le quotidien Financial Times.

Pour M. Mantega, le real brésilien doit être compté parmi les victimes de cette bataille car son renchérissement par rapport aux autres devises “menace la compétitivité” du pays, premier exportateur mondial notamment de café et de sucre.

Le Brésil s’est ainsi jeté dans une mêlée déjà passablement confuse, où Américains, Européens, Japonais, Chinois et autres se démènent pour sauvegarder leurs intérêts vitaux qui passent, dans un contexte économique déprimé, par le maintien de leur devise à un faible niveau afin de gagner des parts de marché.

C’est dans ce contexte tendu que le président français Nicolas Sarkozy a promis de pousser à une réforme du système monétaire international, lors de sa présidence du G20 qui débute en novembre, pour limiter la volatilité des taux de changes.

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à Rio de Janeiro le 29 janvier 2010 (Photo : Vanderlei Almeida)

En matière de changes, le bonheur des uns fait toujours le malheur des autres: une monnaie qui monte le fait forcément au détriment d’une devise concurrente.

La grande bataille du moment oppose les Etats-Unis et la Chine, accusée par Washington de ne pas aller assez vite pour réévaluer le yuan. Le Congrès américain vient de faire un premier pas vers des mesures de rétorsion contre la Chine qui permettraient de pénaliser ses importations.

Et Washington se dit désormais prêt à faire marcher la planche à billets pour soutenir la croissance, affaiblissant ainsi le dollar, tandis que le Japon vend en masse des yens pour protéger ses exportations.

Les Européens sont eux plus que jamais aux aguets: la monnaie unique a passé lundi le seuil de 1,35 dollar, revenant à des niveaux qui traditionnellement irritent les pays exportateurs, notamment la France.

Grand pays émergent, le Brésil ne peut être épargné par ce jeu de dominos mondial: le real brésilien s’est renchéri de près de 30% par rapport au dollar depuis début 2009.

La guerre des changes n’est pas nouvelle, rappellent toutefois les analystes.

“Les batailles politiques sur les devises et la mise en place de politiques monétaires très accommodantes de par le monde ont été le moteur d’un marché qui a connu une expansion exponentielle au cours des dix dernières années”, explique Simon Derrick, de la banque BNY Mellon.

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érsiliens de 2, 5, 10 et 20 reals, à Brasilia le 3 février 2010 (Photo : Adriano Machado)

Mais, à un certain stade, ces politiques “entraînent des fractures dans le système monétaire international”, assure Neil MacKinnon, économiste chez VTB Capital.

D’autant que les pays émergents, comme le Brésil, ne disposent pas de fondamentaux économiques suffisamment solides pour faire face à l’afflux de capitaux extérieurs, déversés par les spéculateurs, qui entraîne l’appréciation brutale de leur monnaie.

Ramener un peu d’ordre sur le marché des changes, comme le souhaite M. Sarkozy, est devenu une tâche titanesque que certains estiment irréalisable sans un accord politique au plus haut niveau: d’après une récente étude de la Banque des Règlements internationaux (BRI), les sommes échangées chaque jour sur les marchés mondiaux des devises atteignent l’équivalent de 4 milliards de dollars. Soit plus que le Produit intérieur brut (PIB) annuel de l’Allemagne.