à Helsinki (Photo : Antti Aimo-Koivisto) |
[28/09/2010 18:08:20] REYKJAVIK (AFP) Le Parlement islandais a voté mardi pour traduire devant une cour spéciale l’ex-Premier ministre Geir Haarde pour “négligence” lors de l’effondrement du système financier du pays en octobre 2008.
L’Althing s’est prononcé pour le renvoi devant la Haute cour de justice (Landsdomur) de l’ancien dirigeant conservateur du gouvernement islandais par 33 voix pour et 30 voix contre, selon le résultat du vote.
Agé de 59 ans, Geir Haarde, qui avait démissionné pour soigner un cancer en janvier 2009 juste après la tourmente financière qui avait mis à bas les banques islandaises, était arrivé au pouvoir en juin 2006 et avait été réélu en 2007, sous l’étiquette du Parti de l’Indépendance (conservateur, eurosceptique).
L’actuelle chef du gouvernement islandais, la sociale-démocrate Johanna Sigurdardottir, qui avait appelé à ne pas renvoyer en justice son prédécesseur, a voté contre.
“Je ne pensais pas qu’il serait renvoyé devant la justice, mais la majorité a parlé et une personne est renvoyée”, a dit Mme Sigurdardottir à la télévision islandaise RUV peu après le vote. “C’est le résultat, et il va falloir faire avec”, a-t-elle dit.
émocrate Johanna Sigurdardottir, le 5 mars 2010 à Reyjavik (Photo : Halldor Kolbeins) |
Le numéro deux du gouvernement, le ministre des Finances Steingrimur Sigfusson du parti Gauche-Verts, membre de la coalition gouvernementale, a, lui, voté pour le renvoi devant le tribunal de M. Haarde.
Le Premier ministre, en vertu de la loi islandaise, risque jusqu’à un an de prison et une amende s’il est reconnu coupable de négligence.
Le Parlement islandais a par ailleurs voté contre la traduction en justice de trois anciens ministres de M. Haarde, la sociale-démocrate Ingibjorg Solrun Gisladottir, ancienne chef de la diplomatie (34 non, 29 oui), Arni Mattiassen, ancien ministre des Finances (32 non, 31 oui) et Björgvin Sigurdsson, ancien ministre du Commerce (35 non, 27 oui, une abstention).
Au moment de sa démission, les Islandais, dont un grand nombre ont perdu leur emploi ou leurs économies, reprochaient à Geir Haarde de ne pas avoir pris la mesure de la crise suffisamment tôt, contraignant le gouvernement à prendre le contrôle à la hâte des trois premières banques du pays, à court de liquidités.
Il a aussi payé son soutien inébranlable à l’époque à l’impopulaire gouverneur de la banque centrale, David Oddsson, artisan de la libéralisation du secteur financier dans les années 90 lorsqu’il était Premier ministre.
Un comité parlementaire avait recommandé mi-septembre des poursuites contre M. Haarde et trois de ses anciens ministres, ce que M. Haarde avait qualifié de “grand choc”.
La commission parlementaire confirmait les conclusions du “rapport Vérité” publié en avril dernier par la Commission d’enquête spéciale (SIC) soulignant l’extrême négligence des principaux dirigeants politiques et des banquiers de l’époque dans l’effondrement du système bancaire islandais.