Tunisie : Pourquoi il faut créer un champion bancaire

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L’annonce en juin dernier (2010) de la création du groupe Moubadara et, plus récente, de l’étude d’un projet de fusion entre la Société Tunisienne de Banque (STB) et de la Banque de l’Habitat lance le mouvement de rapprochement entre banques –pour l’instant publiques seulement- depuis longtemps recommandé par les experts.

Présent au Maghreb depuis cinq ans, Ineum Consulting a opéré une percée en Tunisie en 2008, en décrochant un contrat avec la Banque Internationale Arabe de Tunisie (BIAT), dans le cadre de son projet de transformation. Deux ans après, ce cabinet spécialisé dans la stratégie, l’organisation et les systèmes d’information, vient de s’installer officiellement dans notre pays. Et ni cette décision ni son timing ne sont fortuits.

En effet, Ineum Consulting arrive alors que s’engage une restructuration bancaire que ce cabinet veut «accompagner», ainsi que l’a clamé un de ses associés lors d’un déjeuner-débat organisé mardi 28 septembre 2010.

La nécessité d’un tel mouvement est admise par tout le monde, y compris les pouvoirs publics qui ont annoncé le 11 juin 2010 un ambitieux programme qui va se traduire notamment, rappelle  M. Khalil Ammar, président-directeur général de la Banque de Financement des Petites et Moyennes Entreprises (BFPME), du groupe Moubadara, constitué de quatre établissements (Moubadara Conseil, Moubadara Banque, Moubadara Participations et Moubadara Garanties), et la fusion –dont le projet a été rendu public plus récemment, de la STB et de la BH.

«Le système bancaire est sain, ses résultats sont bons, mais il est très éclaté et ne pourra pas rester dans cette situation, parce que d’autres acteurs se présenteront –un acteur marocain, Attijariwafa Bank, est déjà présent-, il faut donc préparer les consolidations», analyse Charles Milhaud. Un diagnostic partagé par Hakim Karoui, chargé des Fusions et acquistions sur la zone Afrique-Méditerranée à la Banque Rotschild & Cie. Qui explique qu’«il est opportun pour la Tunisie d’avoir des banques de plus grande taille», parce qu’elles sont actuellement beaucoup plus petites que celles de pays ayant le même niveau de développement que la Tunisie.

hakim-karoui-1.jpgAu Maroc, par exemple, le total de bilan du champion national Attijariwafa Bank est –presque- trois fois plus important (25, 579 milliards de dinars) que ceux des trois plus importantes banques tunisiennes –BIAT (3,248 milliards de dinars), STB (3,125 mds de dinars), et BNA (2,973 mds de dinars)- réunies. En outre, le secteur bancaire est fragmenté.

Bien qu’il soit plus facile à décréter qu’à réalisé, le chantier du rapprochement des banques vaut la peine d’être lancé, insiste Hakim El Karoui. Car les gains escomptés sont substantiels. Avoir des banques de grande taille cela permet, selon le banquier franco-tunisien, de «professionnaliser les processus et de prendre des risques plus importants» en matière de financement, de «financer de grands projets» -au moment de son lancement, Orange Tunisie (dont Hakim Karoui est administrateur) a dû se faire financer par un grand nombre de banques locales, car celles-ci «ont une capacité limitée»-, de «participer à des projets internationaux» -Attijariwafa Bank «prend aujourd’hui des tickets que les banques tunisiennes ne pourraient pas s’offrir»- et de «suivre le mouvement de développement des entreprises du pays à l’étranger».

Enfin, observe Hakim Karoui, les grandes banques sont de «formidables ambassadeurs à l’étranger d’un pays, et la Tunisie en est privée», aujourd’hui.

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