à la grève générale à Madrid, le 29 septembre 2010 (Photo : Dominique Faget) |
[29/09/2010 13:04:38] MADRID (AFP) Piquets devant les usines, files d’attente aux arrêts de bus, kiosques vides faute de journaux: l’Espagne vivait au ralenti mercredi pour la première grève générale de l’ère Zapatero, dont le “succès” salué par les syndicats était discuté par le gouvernement.
“C’est un succès de participation et un succès démocratique”, a affirmé le secrétaire général d’UGT, Candido Mendez, estimant que cette grève, contre une réforme du marché du travail déjà en vigueur, devrait entraîner “une rectification en profondeur de la politique du gouvernement”.
“C’est un succès indiscutable”, a renchéri Ignacio Fernandez Toxo, secrétaire général de CCOO. La grève “n’est pas destinée à renverser le gouvernement, mais à faire changer sa politique”.
Pour l’UGT, la grève était suivie “à plus de 70%” et par plus de 10 millions de salariés dans le pays, voire à 100% dans des secteurs comme la sidérurgie, l’énergie et les services de propreté.
De son côté, le gouvernement a assuré de “l’absolue normalité” de la journée avec des services miniums respectés, tout en cherchant à jouer la modération avec les syndicats.
“Le gouvernement se félicite” et “salue la responsabilité avec laquelle la grève est suivie”, a déclaré le ministre du Travail Celestino Corbacho, relevant que les services minimums étaient respectés à 98%.
étro à la station Nuevos Ministerios à Madrid, le 29 septembre 2010 (Photo : Dominique Faget) |
CCOO et UGT avaient accepté de garantir, pour la première fois, des services minimums dans les transports, avec par exemple au moins 20% des vols internationaux et 25% des trains de banlieue.
Indice de la baisse d’activité dans le pays, la consommation d’électricité était inférieure à la mi-journée de 17,6% par rapport à la normale, selon M. Corbacho.
Cette grève générale, la première sur un thème social depuis 2002, coïncide avec la journée de mobilisation européenne contre l’austérité et une grande “euro-manifestation” à Bruxelles.
Ses effets étaient notables à la mi-journée avant la centaine de manifestations prévue dans tout le pays, dans l’après-midi et en soirée.
Dans la capitale, les trottoirs du centre-ville étaient jonchés de prospectus, les poubelles n’avaient pas été ramassées et les vitrines des boutiques ou banques étaient couvertes d’autocollants marqués “fermé pour cause de grève générale”.
A Barcelone, plusieurs rassemblements étaient en cours en début d’après-midi et les grévistes bloquaient la circulation dans des rues du centre.
à Madrid, le 29 septembre 2010 (Photo : Pedro Armestre) |
Dans l’ensemble du pays, plus d’une vingtaine de personnes ont été blessées dans des heurts entre policiers et grévistes aux abords d’usines et la police a procédé à une trentaine d’arrestations à la mi-journée.
Employée dans une usine de la banlieue de Madrid, Patricia Sanchez faisait la queue mercredi matin à un arrêt de bus de la gare d’Atocha comme des milliers d’autres madrilènes. “Je ne peux pas faire la grève, mais j’aurais bien aimé pouvoir”, commente-t-elle.
Rencontrée dans les rues de la capitale alors qu’elle se rendait à pied au travail, Mercedes Pinedo Sanchez, 57 ans, juge que cette grève générale est une “farce” car “Zapatero ne va pas faire marche arrière”.
Cette grève générale, la première depuis l’arrivée au pouvoir de Zapatero, survient alors que le pays peine à sortir de la crise et qu’un actif sur cinq est au chômage.
Pour réduire les déficits publics, le dirigeant socialiste a été contraint d’annoncer des mesures de rigueur et de réformer le marché du travail, en diminuant les indemnités de licenciement et en facilitant les licenciements économiques.
Mais ce mouvement vise essentiellement à protester contre une réforme du marché du travail, qui diminue les indemnités de licenciement et facilite les licenciements économiques.