La rigueur budgétaire met à mal les promesses fiscales du candidat Sarkozy

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à Montillot (Yonne), le 30 septembre 2010 (Photo : Remy de la Mauviniere)

[30/09/2010 17:51:34] PARIS (AFP) La rigueur budgétaire annoncée par le gouvernement sonne le glas de la promesse de Nicolas Sarkozy de réduire le niveau des impôts d’ici 2012 et a ravivé dans la majorité une controverse dont la gauche entend bien profiter lors de la prochaine présidentielle.

Hausse des impôts ou pas ? La guerre des mots couvait depuis des mois. Elle fait rage depuis mercredi et la présentation du projet de budget pour 2011, qui prévoit une réduction sans précédent des déficits via une baisse des dépenses et un rabotage des fameuses niches fiscales.

Martelé, le message de l’exécutif se veut clair. L’effort de maîtrise de la dépense publique est “historique”. Mais il ne passe pas par “des augmentations d’impôts” car, dixit le ministre du Budget François Baroin, ces niches ne sont rien d’autre qu’une “dépense de l’Etat”.

“Hypocrisie”, répond la gauche en notant que la suppression d’un avantage fiscal se traduit forcément par une hausse des impôts.

L’explication de texte fait rage car elle touche à une promesse et une “ligne rouge” de Nicolas Sarkozy. Début 2007, le candidat s’était engagé à réduire d’ici 2012 de quatre points le niveau des prélèvements obligatoires, dénoncé comme le plus élevé d’Europe. Depuis, le président répète que, crise ou pas, il n’a “pas été élu pour augmenter les impôts”.

Les statistiques sont pourtant sans appel. Le projet de budget présenté mercredi prévoit que le taux des prélèvements obligatoires retrouvera en 2012 son niveau de 2007 (43,2%). Exit donc, la promesse de 2007.

Malgré ces chiffres, la droite ne veut rien céder. Après avoir enterré le crédit d’impôt sur les intérêts d’emprunts immobiliers et ébréché le bouclier fiscal pour financer les retraites, pas question de capituler en rase campagne. “Il y a eu une crise sans précédent mais on ne se renie pas, plaide le patron de l’UMP Xavier Bertrand, il n’y aura pas de hausse d’impôts”.

“La crise n’a rien à voir là-dedans, il faut dire la vérité”, s’amuse le secrétaire national du PS chargé de l’économie, Michel Sapin, “du programme de 2007 il ne reste plus que des mots et des paroles”.

“Raboter les niches ou augmenter les impôts, c’est un peu la même chose”, reconnaît un cadre de la majorité, ajoutant: “à l’évidence, on n’atteindra pas l’objectif de réduction défini il y a trois ans”.

D’autant que cette question fiscale continue à agiter les rangs de la majorité. Mercredi, la commission des Lois de l’Assemblée nationale a enfoncé un nouveau coin dans le dogme présidentiel en refusant, contre l’avis du gouvernement, de retarder le remboursement de la dette sociale.

“Il ne faut pas gaspiller l’argent public, c’est sûr, mais jusqu’où va-t-on aller comme ça ?”, s’agace un proche du chef de l’Etat. “Augmenter les impôts a un impact et trop réduire la dépense est une bêtise”, ajoute-t-il, “on a besoin de l’investissement public pour créer des emplois”.

Mardi, Nicolas Sarkozy est resté ferme devant les ténors de la majorité et a une nouvelle fois exclu d’être “le président qui augmente les impôts”.

A dix-huit mois de la présidentielle, la gauche observe ce débat avec intérêt. “La question de l’injustice fiscale sera décisive en 2012”, prévient M. Sapin, “la hausse inéluctable des impôts ne sera acceptée que si elle est équitablement partagée, ce qui n’est pas le cas avec le bouclier fiscal”.

“La situation du président est délicate”, concède un cadre de la majorité. “Pour rester crédible, il est obligé de réduire les déficits. Mais pour baisser le chômage, il ne peut qu’espérer une forte croissance”, ajoute-t-il, “bref, il n’a plus totalement son destin en main”.