Il fallait quelques jours après la tenue à Tunis, à l’initiative des gens d’Ineum
Consulting, d’un Forum où était invité M. Charles Milhaud, qui a fait toute sa
carrière au sein des Caisses d’Épargne et que le président Nicolas Sarkozy a
chargé, au titre de la réflexion sur le financement des projets de l’Union pour
la Méditerranée, de réunir et de présider une Commission composée de dix experts
issus des deux rives de la Méditerranée pour une mission d’étude relative à la
création d’une institution financière dédiée au financement du co-développement
en Méditerranée, dans le cadre de l’UPM.
C’est très joli tout cela et cette banque est certainement appelée de tous les
souhaits mais nous autres, au Sud de la Méditerranée, nous sommes assaillis par
les doutes. M. Milhaud nous dit que la participation de la
BEI (le bras
financier communautaire européen par excellence) pourrait aller jusqu’à 50% du
capital de la future (ou l’hypothétique ?)
Banque de la Méditerranée
(ou Banque
-seulement- POUR la Méditerranée ; à l’image de l’Union de la Méditerranée qui
est devenue l’Union POUR la Méditerranée).
Une question nous a tout, de suite, éclaté en tête, si l’on ose dire : En cas de
coup dur en Union Européenne quand la banque sera sur pied, qui sera prioritaire
: les projets de développement au Sud qui en a tellement besoin, ou le
renflouement en urgence du pays européen qui serait en difficulté ?
Nous avons posé la question directement à M. Milhaud devant tout le monde et il
nous a semblé qu’il ne saisissait pas complètement le sens de cette
interrogation. Il nous en fait part et, pour éclairer la question, nous lui
avons livré le fond de notre pensée : le fait que notre expérience au sein du
Processus de Barcelone nous ait appris que, sitôt que des pays européens sont en
lice (comme ce fut le cas pour les pays de l’ancien Bloc Est), nous passons
directement en seconde ligne ! Et notre interlocuteur nous a, en gros et en
toute généralité, répondu que rien ne présage de telles projections.
”La Banque de la Méditerranée doit apporter des éléments de crédibilité”, a
dit M. Milhaud dans son exposé précédant notre question ! Et nous sommes
pleinement d’accord !