Un paysage bancaire pas très efficient, morcelé, absent de la scène internationale, etc. Présent au premier rang de l’assistance au déjeuner-débat sur la restructuration bancaire organisé mardi 28 septembre 2010 par le cabinet Ineum Consulting, à l’occasion de son implantation en Tunisie, M. Mohamed Rekik, directeur des banques et des dépôts à la Banque centrale de Tunisie, a écouté pendant près de trois heures l’analyse qu’ont développée les différents intervenants de la situation du secteur bancaire. Avant de prendre la parole en dernier pour proposer sa contre-lecture.
Visiblement un peu agacé –même si certains orateurs, dont M. Charles Milhaud, l’ancien patron du groupe Caisse d’Epargne (France), repreneur de la Banque tuniso-koweitienne en 2007, ont admis que des progrès ont été réalisés-, le directeur des banques et des dépôts à la Banque centrale de Tunisie (BCT) s’est inscrit en faux contre cette idée assez largement répandue selon laquelle le secteur bancaire tunisien est une espèce de dinosaure qui a besoin d’être réveillé et modernisé, en rappelant que la restructuration ne se limite pas au seul rapprochement entre banques –aujourd’hui à l’ordre du jour en Tunisie.
En fait, la restructuration bancaire, la Tunisie en connaît déjà, rappelle M. Mohamed Rekik, et celle-ci a tour à tour pris diverses formes : désengagement de l’Etat de certains établissements bancaires (ex-Banque du Sud, Union Internationale des Banques, etc.), d’ouverture du capital d’autres et d’arrivée de banques étrangères sur le marché tunisien, et même de création de nouvelles entités (Banque Tunisienne de Solidarité, et Banque de Financement des Petites et Moyennes Entreprises), création d’un pôle bancaire tuniso-libyen, restructuration de l’Union Tunisienne de Banque (UTB), lancement du groupe Moubadara, et annonce de la fusion entre la Société Tunisienne de Banque (STB) et la Banque de l’Habitat (BH). Mais, admet le représentant de la BCT, «nous avons jusqu’ici agit par à-coups parce que nous n’avions pas les moyens d’une restructuration plus importante».
Constatant que nous avons «un système bancaire diversifié, et équilibré –réparti entre des banques étrangères et des privés tunisiens qui en détiennent la même part (34%), le reste (26%) étant aux mains de l’Etat-, M. Rekik s’interroge : «notre système est-il efficient ?». Pour répondre qu’il y a «un hic : c’est un secteur fort atomisé».
Et même la fusion n’est pas un exercice nouveau en Tunisie, observe le directeur des Banques et des dépôts à la BCT. Qui rappelle que la première expérience de ce genre date de …1989, lorsque la Banque Nationale de Tunisie (BNT) et la Banque Nationale de Développement Agricole (BNDA) ont uni leurs sorts et, que dix ans plus tard –en 1999- la STB a absorbé la Banque de Développement Economique de la Tunisie (BDET) et la Banque Nationale de Développement Touristique (BNDT).
Mais si l’Etat a décidé de susciter un nouveau rapprochement entre deux autres banques publiques, il ne peut rien faire en ce qui concerne les établissements bancaires privés, note M. Rekik. Est-ce un appel du pied pour ces derniers pour qu’ils emboîtent le pas à la STB et à la BH ?
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