La Grèce en pleine crise reçoit le soutien intéressé de la Chine

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à Pékin (Photo : Liu Jin)

[02/10/2010 16:44:48] ATHENES (AFP) La Grèce, qui peine à sortir d’une grave crise financière, a reçu samedi un soutien financier d’importance de la Chine, qui en échange va étendre son emprise sur les infrastructures du pays dont elle compte faire sa porte d’entrée en Europe du sud et dans les Balkans.

“La Chine va faire un grand effort pour soutenir les pays de la zone euro et la Grèce, afin de dépasser la crise économique internationale (…) La Chine participera à l’achat de nouvelles obligations grecques” quand la Grèce reviendra sur les marchés financiers, a déclaré le Premier ministre chinois Wen Jiabao samedi à Athènes.

Ce geste arrive à point nommé pour la Grèce qui, étranglée par le poids de sa dette souveraine et la hausse des taux, a dû recourir au printemps à l’aide financière du FMI et de la zone euro, mais envisage de retourner sur les marchés long terme en 2011 après le plan d’austérité drastique qu’elle a lancé.

La Chine apporte ainsi un soutien politique de taille au gouvernement socialiste de Georges Papandreou qui se bat depuis plusieurs semaines pour que son pays évite une restructuration pure et simple de sa dette, et la déflagration de la zone euro qui s’en suivrait.

Depuis plusieurs semaines, la planète financière s’interrogeait pour savoir si Athènes devrait cesser de rembourser sa dette ou si elle parviendrait à convaincre suffisamment d’investisseurs sérieux pour qu’ils achètent ses obligations, un temps comparées à des “obligations pourries”.

“Je constate que le mécanisme commun Union Européenne-FMI et toutes les mesures prises ont eu des résultats positifs. La Grèce dispose de bases très fortes dans le domaine de la marine marchande et du commerce, avec la relance économique internationale, l’économie grecque va suivre et se redresser”, a assuré M. Wen.

“Je crois que la Grèce va toute seule dépasser ses difficultés avec ses propres efforts”, a-t-il souligné.

“La Chine est l’amie de la Grèce, et c’est dans les moments difficiles que l’amitié s’éprouve” a ajouté M. Wen.

Le Premier ministre grec a remercié la Chine “pour son vote de confiance”, vis-à-vis du gouvernement et de “l’effort du peuple grec”, en soulignant le “climat excellent” des relations entre les deux pays millénaires.

“C’est un vote de confiance, parce que vous augmentez les investissements au Pirée (premier port grec, près d’Athènes, ndr) qui va devenir le centre de transit commercial” des marchandises chinoises vers l’Europe, par l’augmentation programmée du volume de conteneurs traité par le groupe chinois China Ocean Shipping Company (Cosco), a déclaré M. Papandreou.

Au total, d’ici 2015, les deux pays prévoient de doubler leurs échanges commerciaux, à 8 milliards de dollars au total, selon M. Wen.

Athènes et Pékin ont signé deux accords cadres, l’un porte sur le développement des investissements chinois en Grèce, l’autre sur les échanges culturels.

Onze autres accords commerciaux privés ont été signés, essentiellement dans le secteur des transports, Pékin considérant la Grèce comme sa porte d’entrée en Europe et dans les Balkans, mais aussi dans les technologies de télécommunications, le tourisme et l’importation de matières premières typiquement grecques, comme le marbre.

Un accord avec Cosco prévoit la création d’un énorme centre logistique de marchandises près du Pirée. Un autre porte sur un centre de loisirs et de tourisme également au Pirée. Par ailleurs, les armateurs grecs ont passé commande de six navires pour 270 millions de dollars et Pékin s’est engagé à créer un fonds de cinq milliards de dollars pour les soutenir.

Accompagné de ministres et d’hommes d’affaires, dont le président de Cosco Wei Jiafu et du gouverneur de la banque centrale de Chine Zhou Xiaochuan, M. Wen a visité samedi soir les installations de Cosco au Pirée, accompagné de la seule presse chinoise et grecque.