Installations pour extraire les “terres rares” dans l’ouest de l’Australie, le 1er octobre 2010 (Photo : Lynas Corporation) |
[04/10/2010 08:11:48] SYDNEY (AFP) L’Australie, aux vastes réserves minières, veut profiter de l’explosion de la demande de “terres rares”, ces métaux indispensables à la fabrication d’iPods, disques durs ou voitures électriques, dont la Chine, premier producteur mondial, restreint les exportations.
Le géant asiatique fournit au moins 95% de ces terres rares, 17 éléments chimiques comme le praséodyme et l’yttrium, essentiels dans la haute technologie et les technologies vertes.
Ni terres, ni rares, ces métaux ont été baptisés ainsi après avoir été découverts tardivement dans des minerais alors peu courants, dont il était difficile de séparer les composants.
La Chine, qui contrôle étroitement leur flux, a commencé à en réduire l’exportation, face à une demande intérieure grandissante, plongeant dans l’inquiétude les principaux consommateurs que sont le Japon, l’Europe et les Etats-Unis.
Dans ce contexte de pénurie, l’Australie, aux riches réserves géologiques, pourrait devenir l’un des principaux fournisseurs mondiaux d’ici seulement quelques années, estiment industriels et analystes.
“D’ici 2014, nous devrions être l’un des principaux producteurs mondiaux de terres rares. Et nous entrerons en concurrence avec la Chine”, a indiqué à l’AFP un investisseur familier du secteur.
“Nous sommes un petit pays, mais nous allons devenir l’Arabie Saoudite des terres rares”, a-t-il ajouté, en référence au riche Etat pétrolier du Golfe.
Inquiets des restrictions imposées par la Chine, les Etats-Unis veulent reprendre au plus vite la production de ces terres rares, tandis que les grands fabricants japonais d’écrans plats, de caméras numériques ou de téléphones multifonction (smartphones) se tournent vers le producteur australien Lynas.
“Le Japon doit diversifier ses sources d’approvisionnement et mieux gérer le risque à long terme. Il est délicat de dépendre à 90% de la Chine”, estime Toru Taniuchi, professeur à l’Université Teikyo.
La semaine dernière, le gouvernement japonais a promis d’aider ses entreprises à garantir leur approvisionnement et réduire leurs besoins en “terres rares”.
“J’ai l’intention de prendre des mesures pour assurer un apport stable en terres rares”, a promis le ministre nippon de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie, Akihiro Ohata, faisant allusion à la suspension autour du 22 septembre par la Chine –non confirmée par Pékin– et pendant environ une semaine de ses exportations vers le Japon, en pleine crise diplomatique sino-japonaise.
Installations pour extraire les “terres rares” dans l’ouest de l’Australie, le 1er octobre 2010 |
Selon le site internet www.australianrareearths.com, Lynas sera l’année prochaine le premier producteur australien sur le marché, grâce à une offre de 11.000 tonnes provenant d’un nouveau site de production en Malaisie.
Le groupe entend doubler sa production d’ici la fin 2012, représentant au cours actuel une valeur de 1,1 milliard de dollars US.
Selon Matthew James, son vice-président, Lynas possède des réserves de 1,4 million de tonnes sur son site de Mount Weld en Australie occidentale qui pourraient lui permettre de devenir un fournisseur de la Chine d’ici dix ans.
“En raison de sa demande intérieure en hausse et de sa volonté d’améliorer l’efficacité de son industrie, nous estimons que la Chine deviendra importatrice net de terres rares dans un délai de 5 à 10 ans”, assure-t-il.
Pour ce dernier, Lynas, qui y travaille depuis huit ans, compte de deux à quatre ans d’avance sur ses concurrents en dehors de la Chine.
Globalement, pour lui, l’avenir des terres rares est radieux, dans la mesure où “les tendances sociétales ne vont pas s’inverser. Le consommateur veut des équipements toujours plus petits, légers et rapides. De plus, nous devons nous soucier d’efficacité énergétique et des conséquences pour l’environnement. Autant d’éléments qui doperont la demande en terres rares”.