L’Irak revendique les troisièmes réserves de pétrole au monde

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étrole, Hussein al-Shahristani, à Bagdag, le 4 octobre 2010 (Photo : Ali al-Saadi)

[04/10/2010 11:55:42] BAGDAD (AFP) L’Irak a fait état lundi d’une nette augmentation de ses réserves prouvées de pétrole, qui les placerait au troisième rang mondial devant l’Iran, lors d’une annonce fortement symbolique pour un pays qui mise sur le brut pour se relever de décennies de guerres et de sanctions.

Le ministre irakien du Pétrole, Hussein Chahristani, a affirmé que son pays disposait de réserves “exploitables” de 143,1 milliards de barils, un chiffre supérieur de 24% aux estimations communément admises jusqu’alors, mais qui demeure en-deçà des réserves saoudiennes et vénézuéliennes, selon l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).

Pour de nombreux experts du secteur, les réserves officielles irakiennes -auparavant de 115 milliards de barils- ont longtemps été sous-estimées faute de recherches approfondies depuis la nationalisation du secteur dans les années 1970, et de vastes portions du territoire irakien restent toujours à sonder.

“L’Opep sera informée aujourd’hui des nouveaux chiffres de nos réserves”, a indiqué M. Chahristani lors d’une conférence de presse à Bagdad, tout en faisant état de réserves supplémentaires de 33,4 milliards de barils, mais qui ne sont “pas exploitables” dans l’immédiat.

Il a précisé que ces chiffres n’incluaient pas le brut de la région autonome du Kurdistan.

Interrogée par l’AFP, l’experte Rouba Housari, fondatrice du site internet spécialisé iraqoilforum.com, a estimé que cette annonce allait probablement soulever des questions au sein du cartel “quant à la méthodologie employée pour confirmer les nouvelles réserves”.

L’Irak compte au total 66 champs pétroliers, dont sept “super géants”, selon M. Chahristani, qui a précisé que 71% des réserves se trouvaient dans le sud, principalement autour de Bassora, ville située à 450 km de Bagdad.

Le plus grand champ pétrolier irakien est celui de Qourna-Ouest qui, avec 43 milliards de barils, est également le deuxième au monde, a-t-il dit.

“Cette annonce est une surprise car peu d’activités ont été conduites pour la justifier”, a cependant indiqué Mme Housari en référence aux études.

“Tout ce qui a été lancé dans le sud (…) en est toujours à une phase initiale et il faudra encore du temps avant d’avoir une vue globale de l’ensemble des réserves du sud de l’Irak”, a-t-elle estimé.

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étrole, Hussein Chahristani, à Bagdag, le 4 octobre 2010 (Photo : Ali al-Saadi)

L’Arabie saoudite possède les premières réserves prouvées avec 264,5 milliards de barils, devant le Venezuela (211,1 milliards), selon le Bulletin de statistiques annuelles 2009 de l’OPEP, publié en juillet 2010, qui plaçait l’Iran en troisième position avec 137 milliards de barils.

Plombé par des années de sanctions et de sous-investissement, le secteur pétrolier irakien produit actuellement environ 2,4 millions de barils par jour et les exportations de brut comptent pour 95% des revenus de l’Etat.

Mais M. Chahristani avait indiqué en juin que l’objectif était de produire d’ici quelques années entre 10 à 12 mb/j pour devenir le premier producteur et le premier exportateur de brut. Bagdad a notamment attribué l’an dernier dix contrats à des compagnies étrangères pour l’exploitation de 10 champs pétroliers.

L’économie irakienne peine cependant à se relever de plus de sept années de violences et, malgré ces immenses réserves en hydrocarbures, la population irakienne continue de vivre avec quelques heures d’électricité par jour.

L’Irak, sans nouveau gouvernement depuis les législatives du 7 mars, doit en outre toujours adopter une loi cruciale sur les hydrocarbures, qui tranchera la délicate question du partage des richesses énergétiques entre les différentes provinces.