çais du groupe pharmaceutique français Sanofi-Aventis (Photo : Mychele Daniau) |
[04/10/2010 17:35:10] PARIS (AFP) Après des mois de discussions infructueuses, le groupe français Sanofi-Aventis s’est résolu lundi à lancer sur Genzyme une offre publique d’achat hostile que la biotech américaine s’est engagée à “examiner” sous deux semaines.
L’OPA, déposée lundi auprès des autorités boursières américaines (SEC), prévoit un rachat à 69 dollars par action, en numéraire, valorisant Genzyme à 18,5 milliards de dollars. Ce prix était déjà celui proposé début septembre lors d’une première offre, amicale, alors rejetée par Genzyme.
“C’est un prix substantiel, qui reflète bien la valeur de l’entreprise”, a répété lundi le directeur général Christopher Viehbacher.
L’offre court jusqu’au 10 décembre. Le conseil d’administration de Genzyme, biotech spécialisée dans le traitement des maladies rares, a promis de l'”examiner”, et demandé à ses actionnaires de ne pas réagir pour le moment.
Le dépôt officiel de l’OPA de Sanofi, financée notamment par deux lignes de crédit de 15 milliards de dollars obtenues auprès de JP Morgan, de la Société Générale et de BNP Paribas, contraint légalement Genzyme à se prononcer dans un délai de dix jours ouvrables.
Le groupe français a justifié son offensive hostile par “le refus de Genzyme d’engager des discussions constructives” depuis l’été.
M. Viehbacher, qui a rencontré des actionnaires de Genzyme représentant plus de 50% de son capital, assure que ces derniers souhaitent vendre leurs actions et “ne comprennent pas l’attitude de la direction et du conseil d’administration qui ne veulent pas s’asseoir à la table des négociations”.
Les rumeurs de rachat de Genzyme par Sanofi-Aventis ont commencé à circuler dès juillet. Mais le groupe français s’est toujours heurté à l’opposition du conseil d’administration et de la direction de Genzyme, qui estiment que son offre sous-évalue la valeur de leur entreprise. Le patron de la biotech, Henri Termeer, a ainsi récemment évoqué un prix de 80 dollars par action.
“Nous achetons des entreprises à leur vraie valeur et 69 dollars par action est un bon prix”, a martelé en retour M. Viehbacher, laissant toutefois la porte ouverte à un rachat “amical”.
L’offre actuelle de Sanofi représente une prime de 38% par rapport au cours de clôture (49,86 dollars) de Genzyme à la Bourse de New York le 1er juillet, avant les premières rumeurs. Depuis, l’action de la société a bondi pour terminer vendredi à 70,90 dollars.
Toutefois, pour les analystes de Jefferies, “le maintien d’une offre à 69 dollars est un coup d’essai”. Ils s’attendent à ce que l’opération se conclue à un prix supérieur, mais “en-deçà de 75 dollars par action”.
L’agence de notation Moody’s a de son côté indiqué lundi qu’elle réfléchissait à un possible abaissement de la note de Sanofi. Evoquant une transaction qui ferait “stratégiquement sens”, l’agence s’inquiète toutefois de l’aggravation de l’endettement qu’elle entraînerait pour le groupe.
Moody’s a même spécifiquement mis en garde contre un relèvement de l’offre de Sanofi, évoquant des conséquences sur sa notation “plus significatives” que la baisse d’un cran envisagée actuellement.
A la Bourse de Paris, le titre Sanofi-Aventis a perdu lundi 0,58%, clôturant à 48,01 euros, dans un marché en baisse de 1,15%.