Europe-Asie : Pékin affiche sa fermeté sur le yuan dès le début du sommet

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à l’ouverture du sommet Europe Asie le 4 octobre 2010 à Bruxelles (Photo : Georges Gobet)

[05/10/2010 04:42:04] BRUXELLES (AFP) La Chine a adressé lundi une fin de non recevoir aux Occidentaux qui lui demandent de laisser sa monnaie s’apprécier, dès le premier jour d’un sommet entre les principaux pays d’Europe et d’Asie dominé par les contentieux commerciaux.

Il est nécessaire de “maintenir les taux de change des principales monnaies de réserve relativement stables”, a averti le Premier ministre chinois Wen Jiabao, à l’ouverture d’un sommet de deux jours de l’Asem (Asia Europe Meeting) à Bruxelles.

Cette organisation réunit les dirigeants ou représentants de 46 pays européens et de la zone Asie-Pacifique, un ensemble qui compte pour 58% de la population et 60% du commerce mondial.

M. Wen a ainsi tenu à mettre en garde ses interlocuteurs dès le début d’une semaine également marquée mercredi par un sommet avec les seuls représentants de l’UE, où la question du taux de change du yuan risque de dominer. La Chine communiste, grâce à sa puissance exportatrice, est le plus gros détenteur de réserves de change du monde et a accumulé des quantités gigantesques de dollars et d’euros.

En plaidant une nouvelle fois pour la stabilité des changes, M. Wen a de facto refusé les appels pressants des Etats-Unis et des Européens à laisser la monnaie chinoise, le yuan, s’apprécier davantage.

Les Occidentaux soupçonnent la Chine, mais aussi d’autres pays asiatiques, de maintenir artificiellement leurs devises sous-évaluées pour doper leurs exportations et leur croissance. Ils demandent à Pékin de faire plus pour développer sa demande intérieure et nourrir par ce biais sa croissance.

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à l’ouverture le 4 octobre 2010 à Bruxelles du sommet Europe Asie (Photo : John Thys)

Le porte-parole du chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker a aussitôt réagi en jugeant que le yuan était “totalement sous-évalué” et que cela “n’est pas une bonne situation”. L’évolution du yuan “est bien pire vis-à-vis de l’euro que du dollar”, a renchéri le porte-parole, Guy Schüller, interrogé par l’AFP. M. Juncker, le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet et le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn devaient rencontrer mardi matin le Premier ministre chinois pour discuter de ce sujet.

De son côté, le président français Nicolas Sarkozy, qui prendra en novembre la présidence du G20, a plaidé pour “un nouvel ordre monétaire” face aux “déséquilibres” actuels qui “font peser un risque sur toutes nos économies”.

La parité de la monnaie chinoise n’est pas le seul point de divergence entre l’Europe et l’Asie.

M. Wen a dénoncé à mots couverts la tendance au “protectionnisme” en Europe, et demandé “davantage de représentation pour les pays en développement” dans les institutions financières internationales comme le FMI: l’influence des Européens au sein de cette institution est jugée excessive par les nations émergentes.

Le sommet de Bruxelles a été par ailleurs l’occasion pour Pékin et Tokyo de faire retomber leurs récentes tensions diplomatiques autour d’un différend territorial. A l’issue d’un bref entretien dans la soirée, M. Wen et son homologue japonais Naoto Kan ont décidé “d’améliorer leurs relations”, a indiqué un porte-parole japonais.

Sur le front des droits de l’Homme enfin, la junte birmane risque de se retrouver sous pression à Bruxelles.

Dans un projet de communiqué prévu pour être adopté mardi à l’issue du sommet de l’Asem, l’Europe et l’Asie veulent lui lancer un appel pour libérer “en temps opportun” les prisonniers politiques et organiser des élections vraiment “libres”.

Rangoun est représenté au sommet par son ministre des Affaires étrangères Nyan Win qui a obtenu une dérogation pour se rendre en Belgique. La junte birmane est en effet la cible de sanctions de l’UE, qui interdit notamment à ses représentants de se rendre sur son territoire.