Du 1er au 2 octobre 2010 s’est tenu le premier forum consacré à la recherche, au développement et à l’innovation (RDI) dans les Technologies de l’information et de la communication (TIC). L’ouverture de l’«ICT’in comme innovation networks» a rassemblé près de 400 participants parmi les opérateurs télécoms, les entreprises opérant dans le secteur des TIC (fournisseurs, équipementiers…), les structures de recherche et d’appui, etc., réunis afin d’identifier des solutions pour pallier à l’insuffisance de transfert des résultats de la recherche scientifique au sein des entreprises.
Dans son discours d’introduction, M. Naceur Ammar, ministre des Technologies de la communication, après avoir ciblé les enjeux de la problématique de la RDI dans les TIC, a rappelé le pourquoi –de façon générale- de cette rencontre : comment ‘transformer’ le 0,5% du chiffre d’affaires alloué (décision présidentielle) par les opérateurs de télécoms en Tunisie à la RDI, en projets de recherche collaboratifs aux thématiques adaptées aux besoins du secteur ? Plus précisément, et dans le but de faire avancer le débat, le ministre a lancé 7 pistes :
1. Quels sont la nature et le type de projet d’innovation technologique pouvant se prêter à une démarche collaborative de recherche?
2. Quel processus de mise en concurrence pour la sélection des projets faudrait-il envisager ? (partenaires éligibles, portée, objectifs, résultats, activités, ressources, dépenses éligibles, cadre d’exécution du budget à allouer, planning d’exécution, indicateurs d’avancement, etc.)
3. Quelles modalités de financement conviendrait-il de privilégier?
4. Quelles sont les structures de gouvernance ad hoc à mettre en place?
5. Quelles dispositions faudrait-il prendre en matière de protection de la propriété intellectuelle des connaissances antérieures et des résultats de recherche conjointe?
6. Quid de la démarche d’évaluation et de la matrice d’indicateurs de performance à définir?
7. Quels sont les outils de pilotage permettant de supporter l’ensemble du programme et de conduire son exécution?
Cette présentation en points d’interrogation a été relayée par l’allocution des 3 hommes à la tête des 3 opérateurs des télécoms (telcos). Chacun a appréhendé la problématique RDI du point de vue, imprégné, de son groupe.
Tunisie Telecom, vers plus de contenus
Le p-dg de Tunisie Telecom, Montasser Ouaili, ancien ministre des Télécommunications, a présenté, au vue de la maturation du marché des services voix et data classiques, les nouvelles tendances (-digitlisation/compression et capacité de stockage – développement de la large bande – nouveaux types de concurrence – personnalisation de l’offre/customization – nouvelles formes de communication/double, triple et quadruple-play – et large diffusion de l’IP) et le nouvel écosystème qui en découle. Cette nouvelle forme de l’environnement des Telcoms, vers une désintermédiation complète, pousse l’opérateur historique à réfléchir à comment mobiliser ses compétences internes et sa maîtrise technologique pour passer du statut de «fournisseur de tuyaux» à un opérateur de services offrant toujours plus de contenus (agrégateur) à une clientèle/audience toujours plus diverse.
Ce positionnement ‘dynamique’ de TT sera soutenu par la volonté de créer plus de «ponts entre les laboratoires et l’usine». Une démarche déjà engagée par la mise en place/participation dans des organismes «catalyseurs de RDI» (ex : Topnet, Mattel, Sotetel), ainsi que par la mise en place/participation dans des organismes de «financement RDI» (ex : Diva Sicar, Technopôle de Sfax, Sousse Techno-City, Zarzis Park, TITFF ImBank, BFPME) et d’autres actions ponctuelles.
L’interrogation principale de M. Ouaili concernant ses ‘réseaux de l’innovation’ s’exprimait ainsi : «comment favoriser l’innovation sans en faire profiter la concurrence ?»
Bientôt des stores Tunisiana bien achalandés en contenus ?
Le directeur général de Tunisiana, Yves Gauthier, adopte une vue plus pragmatique du secteur : «93% des revenus en telecoms proviennent de la voix, l’investissement en RDI doit porter sur les 7% restants (data)», car c’est ainsi que le secteur évolue. Il est donc nécessaire de développer des contenus et des services à valeur ajoutée afin de maintenir un certain niveau de profitabilité. La voix royale, vue l’augmentation du trafic data due à l’arrivée des smartphones, est de miser, comme le géant à la pomme, sur des ‘stores’ proposant du contenu autour du mobile.
Concrètement, M. Gauthier a rappelé l’engagement de Tunisiana pour la RDI via la formation en partenariat avec les universités (500 stagiaires/an, dont 30% sont prolongés et 15% recrutés), mais aussi à travers des projets R&D initiés avec les universités. Le CEO de Tunisiana, s’est dit profondement impliqué dans cette problématique.
Orange Tunisie
Thierry Marigny, directeur général d’Orange Tunisie, a misé sur les capacités internationales de son groupe en termes de RDI (avec carte mondiale des Orange Labs, etc.). Son discours est d’ailleurs resté ancré dans la vision de son groupe car, certes sa démarche passe par plusieurs étapes ‘locales’ : comprendre les enjeux mutuels, identifier les bonnes pratiques, pour enfin, développer progressivement un engagement durable et mutuellement profitable en innovation partenariale en Tunisie. Bourses de thèses et contrats de recherche en collaboration avec des laboratoires tunisiens vers un engagement stratégique pluriannuel. Le dernier opérateur arrivé sur le marché souhaite «être le premier dans les stratégies d’innovation».
Pour finir sur cette thématique, précisons que les services du ministère devraient rapidement s’atteler au lancement d’une étude pour définir le cadre de la gouvernance de ce nouveau dispositif de RDI, pour une mise en œuvre effective.