En Inde, opération séduction des fabricants locaux de téléphones portables

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éléphone portable Micromax, le 15 septembre 2010 à New Delhi (Photo : Manpreet Romana)

[05/10/2010 10:20:53] NEW DELHI (AFP) Leurs appareils n’ont pas les fonctions les plus sophistiquées, mais ils sont équipés de lampe torche et de batterie très longue durée. En répondant aux besoins spécifiques des Indiens, les fabricants locaux de téléphones portables dament le pion aux géants Nokia ou Motorola.

Lors du tournoi de cricket IPL –équivalent de la Coup du monde pour ce sport–, les producteurs indiens Karbonn, Maxx Mobiles ou encore Micromax étaient les principaux annonceurs.

“Les géants mondiaux de la téléphonie mobile perdent du terrain en Inde”, souligne Anshul Gupta, analyste au cabinet Gartner.

“Les gars d’ici sont entrés en force. Ils proposent des appareils peu chers et dotés de caractéristiques adaptées à la population, telles que des batteries longue durée, pour résoudre les soucis d’alimentation électrique”, ajoute-t-il.

Les marques locales se partagent désormais 14% du marché de la téléphonie mobile en Inde, avec un chiffre d’affaires de 270 milliards de roupies (4,45 milliards d’euros), en hausse de 4% sur un an, selon la revue spécialisée du secteur, Voice and Data.

Le finlandais Nokia est encore numéro un mais il a perdu 12 points de marché en un an à 52%, ajoute la revue, dont l’étude annuelle sert de référence aux acteurs du secteur.

Micromax, basée à New Delhi, vend ses appareils à 40 dollars à plus d’un million d’exemplaires par mois via ses 40.000 points de vente. “Nous avons grandi très vite”, se félicite Rajesh Agrawal, qui a créé l’entreprise il y a à peine deux ans.

La durée de vie des batteries de ses téléphones peut atteindre 30 jours, une qualité très recherchée dans ce pays où 400 millions de personnes n’ont pas d’électricité et où les coupures de courant sont fréquentes.

Certains appareils sont équipés d’une petite lampe torche ou de simples icônes pour permettre aux personnes ne sachant ni lire ni écrire de les utiliser.

D’autres peuvent recevoir deux, voire trois cartes SIM, permettant aux clients de choisir les fournisseurs les moins chers dans ce secteur hyper compétitif.

L’astuce est d'”adapter les boîtiers aux besoins des Indiens, et notamment de ceux qui vivent ailleurs que dans les grandes villes”, souligne Deepesh Gupta, à la tête de Zen Mobile, un autre fabricant local.

Zen, Micromax et les autres fabriquent les appareils en Chine car l’Inde, réputée pour son secteur informatique, ne possède pas encore les capacités techniques requises dans la production de boîtiers téléphoniques.

Le pays compte de 15 à 17 millions de nouveaux abonnés chaque mois, mais le taux de pénétration est encore très bas, avec 57 appareils pour 100 personnes (contre environ 95 en France par exemple). La population de 1,2 milliard laisse entrevoir un énorme potentiel de croissance.

Les marques internationales ont donc décidé de réagir et multiplient les offres les moins chères pour attirer les clients.

“Nous sommes souvent en tête mais nous ne pouvons pas toujours l’être”, a admis Mary McDowell, vice-présidente chez Nokia, récemment de passage à New Delhi. Elle y a présenté le premier Nokia à 2.000 roupies (33 euros) vendu avec deux cartes SIM et spécialement conçu pour le marché indien.