Logo d’Alstom (Photo : Jean-Pierre Muller) |
[05/10/2010 17:57:00] MONTREAL (AFP) Le gouvernement du Québec a annoncé mardi qu’il accordait à un consortium formé par le canadien Bombardier et le français Alstom un contrat sans appel d’offres évalué à 1,3 milliard de dollars pour le métro de Montréal, malgré les menaces de poursuites d’un concurrent espagnol.
Le Premier ministre de la province francophone, Jean Charest, a annoncé qu’un “projet de loi spécial” visant la conclusion de ce contrat avec Bombardier-Alstom, serait déposé mercredi à l’Assemblée nationale du Québec.
Le montant du contrat sera d’environ 1,3 milliard de dollars (925 millions d’euros) pour la fourniture de 500 wagons du métro de Montréal, soit 2,6 millions de dollars par wagon, a dit le ministre des Transports du Québec, Sam Hamad.
Un concurrent potentiel, l’Espagnol CAF, avait proposé au gouvernement une offre à 1,4 million de dollars par wagon et averti que l’octroi du contrat sans appel d’offres “irait complètement à l’encontre des ententes et pratiques qui régissent le commerce international”, envoyant aussi “un message de protectionnisme apparent extrêmement négatif”.
Le Premier ministre Charest a contesté cette interprétation, affirmant que le contrat “respecte les règles du commerce international, parce que la Société de transport de Montréal (STM) n’est pas soumise à ces règles-là”.
Il a aussi mis en doute l’évaluation des coûts des wagons faite par CAF et affirmé que le contribuable payerait le “juste prix”.
Le projet de remplacement des wagons du métro de Montréal a connu de nombreux rebondissements judiciaires et coûté cher au contribuable québécois depuis son lancement au début 2006.
Le contrat avait d’abord été accordé à Bombardier seul, qui devait livrer les premières voitures dès la fin 2010. Alstom, invoquant une loi québécoise, avait toutefois forcé en 2008 la tenue d’un appel d’offres après une contestation judiciaire réussie. Les deux groupes s’étaient finalement entendus pour travailler ensemble.
Cependant, après la modification l’an dernier de la commande initiale, deux autres concurrents, un chinois et l’Espagnol CAF, se sont montrés intéressés, forçant la STM à lancer un nouvel appel d’offres.
Invoquant “l’urgence” de remplacer les wagons du métro, dont certains datent de 1963, le gouvernement du Québec a finalement décidé la semaine dernière de reporter l’appel d’offres, s’attirant une protestation de CAF, qui y a vu une manoeuvre pour l’en écarter.
Un petit parti de gauche à l’assemblée de la province, Québec Solidaire, a dénoncé l’empressement du Premier ministre Charest à accorder ce contrat à Bombardier-Alstom, alors qu’une élection partielle doit avoir lieu dans la circonscription où le groupe québécois doit construire les wagons.
Le contrat fournira de l’emploi dans les huit prochaines années à environ 775 travailleurs à l’usine de Bombardier à La Pocatière, à environ 80 km à l’est de Québec, qui n’emploie actuellement qu’environ 200 personnes.
La livraison des premiers wagons doit avoir lieu dans 32 mois. Un appel d’offres aurait entraîné un délai supplémentaire d’environ 18 à 24 mois, selon le gouvernement.