Chine-Afrique-Tunisie : Les contours d’un partenariat stratégique

Lors de la quatrième Conférence ministérielle du Forum sur la Coopération
sino-africaine tenue en Egypte, au mois de novembre 2009, la Chine et l’ensemble
des pays africains ont adopté le Plan d’Action de Charm el-Cheik (2010-2012),
dont la principale visée, nous explique Liu Baogui, conseiller économique et
commercial au sein de l’ambassade de l’Empire du milieu en Tunisie, est de
renforcer les échanges, dans les trois ans à venir, dans des domaines aussi
variés que l’agriculture, la production alimentaire, la médecine, l’éducation,
la formation, l’énergie, les accords de crédits, la promotion du commerce et les
réseautages scientifiques et académiques.

Il s’agit donc d’une véritable feuille de route pour soutenir un continent avide
de partenariat gagnant-gagnant, soucieux de former ses techniciens, de
promouvoir ses infrastructures et d’élever le niveau de ses gestionnaires sur la
base de l’égalité des avantages réciproques et du respect mutuel des intérêts de
toutes les parties contractantes.

Des crédits tous azimuts

Afin de concrétiser les recommandations du Sommet de Beijing du Forum sur la
coopération sino-africaine, réuni en 2006, Pékin a fourni, de 2007 à 2009, à ses
partenaires du continent noir plus de 3 milliards de dollars de prêts
préférentiels, environ 2 milliards de crédits acheteurs préférentiels à
l’exportation et a mis à leur disposition, depuis le conclave d’Egypte, 10
milliards de dollars sous forme de crédits au taux concessionnel destinés
principalement aux projets d’infrastructures et de développement social, tout en
favorisant l’instauration d’un crédit spécifique pour les PME en Afrique d’un
montant de 1 milliard de dollars pour contribuer à leur éclosion.

Tous ces fonds sont liés, affirme M. Baogui, au renforcement de la logistique
dans les pays africains, à la mobilité et à l’encadrement des ressources
humaines, condition sine qua non de l’essor de leur tissu industrie et à la
consolidation de leur résilience face à la crise financière internationale. A
cet égard, la priorité, insiste notre interlocuteur, est au développement des
installations ferroviaires, portuaires, aéroportuaires et électriques des
partenaires de la Chine, qui entend, grâce au lancement de la Banque de
développement de Chine, atténuer le déficit chronique en capitaux en Afrique,
améliorer la capacité d’auto-développement dans le continent et aider les
entreprises chinoises à accroître leurs investissements dans une partie du
globe, naguère soumise aux surenchères de la rivalité entre les blocs
idéologiques et les puissances occidentales en expansion.

L’éducation et le commerce en ligne de mire :

Depuis 2006, date du Sommet de Beijing du Forum sur la Coopération
sino-africaine, dont l’une des recommandations est la mise en valeur des
ressources humaines dans le domaine éducatif, le gouvernement de Pékin a
construit en Afrique, de 2007 à 2009, 126 écoles rurales, amélioré, à travers
des travaux de réfection et d’aménagement, les conditions d’enseignement pour
30.000 apprenants et organisé environ 700 séminaires et stages de formation à
l’intention des fonctionnaires et des formateurs dans les domaines de la santé,
de la médecine, de l’éducation, de l’administration publique, de la
télécommunication, de la finance et de la culture.

Dans l’intention d’intensifier les échanges entre les deux parties et contribuer
à promouvoir, sur tous les plans, le nouveau partenariat stratégique
sino-africain, la partie chinoise a annoncé récemment l’édification de 50 écoles
(primaires, secondaires et professionnelles) supplémentaires dans le continent,
tout en assurant l’équipement pédagogique nécessaire au bon fonctionnement de
ces établissements et la formation de 20.000 cadres spécialisés dont 1.500
enseignants, 2.000 techniciens agricoles et 3.000 médecins et infirmières.

Finalement, le commerce, une seconde religion en Chine, revêt pour le mastodonte
asiatique une importance capitale puisqu’il vient d’accorder, progressivement,
le tarif douanier zéro à 95% des produits en provenance des PME des pays
africains, ce qui constitue un traitement favorable, unilatéral et volontaire
dans un contexte mondial frileux où certains cœurs de l’ordre marchand
international appellent au protectionnisme et à la préférence nationale face au
Sud.