Tunisie-Population : Près de 2,1 millions de sexagénaires à l’horizon 2029


population-art.jpgAu premier juillet 2009, selon l’INS (Institut national de la statistique), la
population tunisienne a atteint le nombre de 10 millions 439,6 personnes avec un
taux d’accroissement naturel de 1,20% et un indice de fécondité de 2,05%, ce qui
n’est pas beaucoup et confirme la tendance d’une population tunisienne de plus
en plus vieillissante.

La population dont l’âge se situe entre 30 et 59 ans est de 37,3%; celle qui
appartient à la catégorie d’âge d’entre 4 et 14 ans, 15,8%. Les 15-29 ans représentant 29% de la population. Ils sont loin les temps où notre pays se
targuait de 50% de la population âgée de moins de 30 ans.

Au mois de juillet 2009, l’espérance de vie à la naissance était de l’ordre de
74,5 ans. Selon les projections démographiques pour 2020, à la fin de la
prochaine décennie l’espérance de vie s’élèvera à 78,4 ans. Les projections de
l’Institut National de la Statistique (INS) montrent que l’effectif des
sexagénaires avoisinerait 2.100.000 à l’horizon de 2029 (selon l’hypothèse
moyenne), les plus de 60 ans devraient s’élever à près de 29% en 2050.

Pour combien de temps encore vivrons-nous «une période démographique d’or et des
soixante pour cent des habitants sont des personnes actives qui participent à la
dynamique économique du pays» dont parlait, en 2007, Mohamed Saklani, Professeur
universitaire et membre du Conseil scientifique de l’Office national de la
famille et de la population à la chambre de Députés, à l’occasion d’une journée
d’étude sur la politique démographique dans notre pays ? Le professeur appelait à cette occasion à trouver des solutions au vieillissement de la population.

Car qui dit vieillissement de la population dit problèmes de santé ou de prise
en charge pour incapacité à s’assumer par soi-même, ce qui impliquerait des
mesures spécifiques en direction de cette population qui occupe de plus en plus
de la place dans notre pays.

«Inchallah ala Kaddi Assahha, ala kad l’amor» (espérons que notre vie s’achèvera
quand notre santé ne suivra plus).

Cette prière que nous avons très souvent entendue venant de nos proches qui ont
entamé le cycle de la vieillesse reflète leur désarroi face aux risques de se
trouver, l’âge avançant, seuls et démunis et sans personne pour les prendre en
charge en cas de maladies ou de sénilité. Parmi les maladies les plus
fréquentes, citons les maladies cardiovasculaires (qui occupent le premier rang
des pathologies liées au vieillissement de la population), l’hypertension, le
cholestérol, le surpoids et d’autres pathologies spécifiques aux personnes
âgées.

D’après une étude éditée par l’Union Internationale pour l’Etude Scientifique de
la Population, vu la culture et les traditions dominantes ainsi que la structure
de la société en Tunisie, la famille demeure encore le pivot central du soutien
et de prise en charge des personnes âgées. «A part l’aide familiale, les autres
sources d’aide sont marginales. En particulier, seuls 0,8% des sujets âgés non
confinés au lit ayant besoin d’aide relèvent d’une aide professionnelle».

Cette aide entre-t-elle dans le cadre des équipes mobiles multidisciplinaires
créées en 1992 selon le ministère des Affaires de la Femme, de la Famille, de
l’Enfance et des Personnes âgées, pour offrir des prestations sociales et
sanitaires aux personnes âgées, à domicile ? Ces équipes, qui seraient au nombre
de 35 (24 à l’échelle régionale, 11 au niveau local) prennent en charge 5.661
personnes âgées, au total. Très peu, si près d’un million de la population
tunisienne a plus de 60 ans dont nombre parmi eux ont besoin d’aide. Elles
seront donc renforcées, en 2011, par cinq autres équipes.

D’un autre côté, le ministère a mis en place un programme de prise en charge au
sein des familles d’accueil au profit de personnes âgées sans soutien en vue de
leur offrir un cadre familial permettant de préserver leur équilibre psychique
et affectif.

A ce jour, 94 personnes âgées ont été accueillies par des familles. Une
indemnité mensuelle d’une valeur de 100 dinars, majorée cette année de 50%, est
accordée aux familles d’accueil, afin de répondre aux besoins essentiels des
personnes âgées.


Vieillissement de la population et retraite

Mais il est un autre problème encore plus important se rapportant aux
répercussions du vieillissement sur la retraite et de l’assurance maladie. Le
rapport entre les personnes qui cotisent et les personnes qui perçoivent une
pension de retraite fait ressortir, d’après les représentants de
l’Administration publique, un nombre de pensions de retraite supérieur à celui
des cotisations. D’où et toujours, selon l’Union Internationale pour l’Etude
Scientifique de la Population, l’importance de l’augmentation des ressources de
financement, de manière directe par une augmentation des taux de cotisation, ou
de manière indirecte, par l’élargissement de l’assiette des cotisations. Ou
encore la repousse de l’âge effectif de la retraite, soit explicitement en
relevant les âges de liquidation des droits, soit implicitement en incitant les
assurés à repousser eux-mêmes l’âge de leur départ en retraite par des systèmes
de majoration et de bonification ou par l’allongement de la durée requise pour
une pension complète.

Des initiatives telles celle de la création d’un registre national des
compétences parmi les personnes âgées sont à saluer à condition qu’elle ait
l’impact escompté, à savoir profiter du savoir-faire et de l’expertise des
seniors. Elle permet de mettre en place une banque de données sur les
compétences de troisième âge et les retraités qui désirent mettre leur
savoir-faire et leur expérience intellectuelle et professionnelle au service de
la communauté nationale et continuer à participer activement au processus de
développement du pays. Le registre compte, actuellement, 1.680 retraités. A cet
effet, 24 associations régionales de compétences de troisième âge seront créées
pour aider à l’encadrement des personnes âgées et des retraités et à la mise en
place d’espaces de loisirs. Objectif, garantir une vieillesse active.

D’après une étude éditée sur le

site
,
les paiements au titre des régimes de retraite en Tunisie augmenteront et
représenteront une proportion croissante des dépenses sociales totales.

Pour l’auteur, le transfert de responsabilités financières d’une génération à
l’autre représente l’une des conséquences les plus épouvantables du
vieillissement démographique en Tunisie.

La réforme possible du système de retraite, les divers programmes d’encadrement,
et la promulgation de lois pour la protection des droits des personnes
vieillissantes et l’instauration d’une société cohérente et solidaire
pourront-ils résoudre toutes les problématiques inhérentes au vieillissement de
la population dans notre pays?