à Paris (Photo : Loic Venance) |
[06/10/2010 05:23:00] SAINT-ETIENNE (AFP) La Poste, qui veut se positionner en Europe avant l’ouverture totale à la concurrence le 1er janvier 2011, attend pour la fin de cette semaine l’engagement chiffré de la Caisse des dépôts et consignations à abonder son capital pour financer son développement.
Sept mois après l’entrée en vigueur du nouveau statut de l’entreprise, cette étape est cruciale pour l’avenir du plan stratégique 2010-2015 de son PDG Jean-Paul Bailly, qui prévoit de pallier la baisse de l’activité courrier par le développement de la banque et du colis ainsi qu’une réduction des effectifs.
“La capacité d’autofinancement (de la Poste) est insuffisante pour réaliser toutes nos ambitions en terme de développement et d’innovation. C’est pourquoi l’augmentation de capital est la clé pour le développement de La Poste”, a expliqué M. Bailly lors d’un séminaire lundi et mardi à Saint-Etienne.
Les instances de gouvernance de la CDC devraient rendre d’ici la fin de la semaine une décision sur les modalités du versement prévu de 1,5 milliard d’euros au groupe, a-t-il indiqué.
Au terme de 18 mois de controverse politique et de contestation sociale, La Poste, jusque là établissement public industriel et commercial, est officiellement devenue le 1er mars 2010 une société anonyme à capitaux publics, un changement de statut dont son patron avait lancé l’idée à l’été 2008.
Ce nouveau statut, que l’entreprise a été une des dernières du secteur à franchir en Europe, lui ouvre la voie à une augmentation de capital à laquelle doivent souscrire l’Etat, à hauteur de 1,2 milliard d’euros, et la CDC.
Selon Les Echos, la Caisse des dépôts pourrait verser 1,3 milliard d’euros de plus à La Poste en 2015, si cette dernière réalise son plan d’affaires.
L’ouverture totale à la concurrence dans moins de trois mois, qui s’ajoute à une baisse déjà attendue du trafic courrier de 30% d’ici 2015, pousse l’entreprise à accentuer sa maîtrise des coûts, notamment en poursuivant le non remplacement d’au moins deux départs sur trois.
Pour autant, ses dirigeants assurent qu’elle continuera à remplir ses obligations: “la seule chose qui mette vraiment en danger les missions de service public, c’est qu’il n’y ait pas les ressources pour mettre en oeuvre et exécuter parfaitement ces missions”, a affirmé M. Bailly.
Ils relativisent l’impact de la concurrence à venir en matière de courrier, que le directeur général chargé de la stratégie, Marc André Feffer, voit plutôt “sur des niches comme les types de courrier et les zones géographiques”.
“Vous ne verrez pas d’autres postiers que ceux en jaune et bleu dans vos rues”, a ironisé le directeur général du Courrier, Nicolas Routier. Réciproquement, a-t-il ajouté, “nous n’irons pas distribuer de courrier à Dortmund (Allemagne)”.
Pour son développement, le groupe table plutôt sur les nouvelles activités de la Banque Postale, qui s’est lancée récemment dans le crédit à la consommation et prépare une offre de crédit aux entreprises, selon son président Patrick Werner.
La Poste compte aussi gagner de nouvelles parts sur le marché du colis, qui bénéficie de l’essor du e-commerce et dans lequel elle envisage même des acquisitions, en Espagne ou en Italie.
Et, revenant à un de ses métiers historiques, le groupe est en pourparlers avec SFR pour proposer de la téléphonie mobile.
Les prévisions du groupe tablent sur une augmentation du chiffre d’affaires de près d’1,5 milliard sur cinq ans (à 22.619 milliards) soit une croissance de 1,1% par an d’ici 2015.
A l’origine du changement de statut, M. Bailly espère pour sa part voir son mandat reconduit pour cinq ans à la fin de l’année, et envisage d’instaurer un dispositif d’actionnariat salarié au sein de La Poste dans les deux ans à venir.