Pas de Visas US pour trois étudiants primés par SIFE Tunisie

Du bonheur, du ravissement, de la satisfaction et des larmes de joie qui se sont transformées en des larmes de déception et de dépit pour Taha Balti, Mohamed Aziz Ayari et Houda Ben Yaala de l’équipe gagnante de l’Institut supérieur des Beaux-Arts de Tunis (ISBAT) au concours national Sife. Ces trois étudiants ne pourront pas participer à la compétition internationale à Los Angeles aux Etats-Unis, ils ont été «profilés» personnes «à risque» par le consulat américain et indésirables sur le sol américain.

Rappelez-vous, en juillet dernier (2010), l’ISBAT gagnait le concours du meilleur projet lors de  la compétition nationale Sife pour son projet “Eco-design”. Ces jeunes, qui créaient grâce à des matériaux de récupération, des objets de décoration et formaient des chômeurs vivant dans des situations précaires à vivre du travail de leurs mains, croient aux valeurs universelles de fraternité, de tolérance et d’égalité entre les Hommes venant de tous horizons et appartenant à toutes les «castes» humaines ….

Pourtant, ces trois jeunes étudiants, qui avaient travaillé pendant toute une année avec leurs camarades pour le succès de leur projet, ne pourront pas cueillir les fruits de leur labeur. Eco-design, et selon les valeurs de Sife, devait revêtir des dimensions sociale et environnementale et répondre aux principes de la libre entreprise défendus par les USA. Selon le consulat, ils ne répondaient pas aux critères exigés pour l’accord de visas !!! Ils ont été exclus alors qu’ils espéraient découvrir de près le temple de l’économie de marché et du sens de l’initiative que sont les Etats-Unis; ils ne verront donc pas de près ce qu’est le “rêve américain”…

Selon quels critères et de quels critères parle-t-on là ?

Personne au consulat ou à l’ambassade américaine ne vous donnera de réponses claires à ce sujet. La réponse qui revient le plus souvent  est : «Nous appliquons la loi sur l’immigration votée par le congres»… et c’est tout en leur honneur….

Sauf que la ou les questions qui se posent sont si ces critères, établis par la plus haute instance législative américaine, ont des soubassements objectifs ? S’ils répondent à des éléments et des faits authentiques? Eléments qui représenteraient des arguments valables et convaincants  vis-à-vis tant des étudiants eux-mêmes qui ont essuyé le refus que des organisateurs assommés par une décision qu’ils estiment arbitraire et non fondée ? Ou dépendraient-ils seulement de l’appréciation de l’interviewer face à l’interviewé ?

Car ceux auxquels on a refusé le visa ne sont différents en rien de leurs camarades qui ont «décroché» leurs visas; parmi eux, il y en a  qui ont pu avoir des visas touristiques de 10 ans… Ils ont des attaches dans leurs pays et des licences à décrocher. Ils n’ont pas de parents ou d’amis aux USA susceptibles de leur faciliter la tâche s’ils venaient à vouloir s’y installer en toute illégalité… A la seule différence, peut-être, que certains de leurs camarades ont voyagé auparavant.

Les étudiants refoulés devraient prendre leur mal en patience, en espérant que cette «discrimination» n’influencera pas l’image de la grande puissance démocratique, tolérante et ouverte que sont les Etats-Unis. Dans d’autres pays comme la France, ceux auxquels les visas sont refusés peuvent solliciter l’ambassadeur -représentant le gouvernement français- ou même recourir au contentieux. Aux Etats-Unis, aucun recours (il semblerait que, depuis le 11 septembre 1991, la frilosité soit devenue de mise)…

Dommage que cela porte atteinte à l’image d’un pays qui s’est engagé dans des guerres meurtrières rien que pour défendre les droits humains et les valeurs démocratiques…