La Poste prépare sa mutation avec moins de postiers

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à Paris (Photo : Eric Piermont)

[06/10/2010 08:45:01] SAINT-ETIENNE (France) (AFP) La Poste, qui ambitionne de devenir un grand groupe de service européen d’ici 2015 et doit faire face à la baisse du volume du courrier, prépare sa mutation avec des postiers moins nombreux, qui devront “s’adapter” à l’évolution des métiers.

Confrontée aussi à l’ouverture totale du courrier à la concurrence au 1er janvier 2011, la Poste “reste attachée à son modèle social”, fondé sur l’absence de départs imposés, même si un départ de postier sur trois ou sur quatre d’ici 2015 ne sera pas remplacé, a expliqué le PDG du groupe Jean-Paul Bailly, lors d’un séminaire à Saint-Etienne (sud-est).

La direction table sur “une petite dizaine de milliers de départs” et environ 3.000 recrutements chaque année, a précisé le DRH du groupe, Georges Lefebvre.

Mais “tout postier qui a un emploi à la Poste garde son emploi à la Poste”, a assuré M. Bailly.

Au 31 décembre 2009, la Poste comptait 287.174 salariés. En 2009, elle a recruté 4.432 personnes pour 11.758 départs (en retraite ou volontaires).

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évrier 2007 à Lamotte-Beuvron. (Photo : Alain Jocard)

Le service courrier, touché par une baisse de volume estimée à 30% d’ici 2015, sera largement concerné par ces réductions d’effectifs. La baisse de cette activité devra être compensée “pour un tiers par des offres nouvelles, et pour deux tiers par des baisses de charges”, a expliqué Nicolas Routier, directeur du courrier, qui prévoit “20% d’économie en sept ans”.

M. Routier souhaite développer des compléments d’activité pour les facteurs, en s’appuyant sur leur “image très positive”: surveillance des personnes âgées à leur domicile sur demande des conseils généraux, délivrance de médicaments ou encore collecte des papiers usagés des entreprises.

Après France Télécom, ancienne entreprise publique, elle aussi confrontée à l’ouverture de son marché à la concurrence, la Poste tente de conduire le changement différemment.

Les effectifs seront “moins nombreux mais mieux qualifiés et plus stables”, a assuré le DRH, insistant sur “la mobilité professionnelle”, mais “sans mobilité forcée”, et le “développement interne des compétences”, c’est-à-dire “former les gens et les adapter à d’autres métiers”.

La rupture entre anciens et nouveaux métiers n’est pas aussi radicale qu’à France Télécom, souligne M. Lefebvre. Ainsi, les facteurs peuvent devenir guichetiers et les guichetiers conseillers financiers par exemple.

Promotion, flexibilité interne, dispositif de fin de carrière, formation: au total, 1,5 milliard d’euros seront investis.

Alors que certains syndicats demandent l’arrêt des réorganisations, synonymes, selon eux, de mal-être au travail, la préoccupation des postiers c’est “l’avenir de la Poste” et “ils ne comprendraient pas si on ne s’adaptait pas”, a estimé M. Bailly.

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à lettres à Nantes, le 19 novembre 2009 (Photo : Frank Perry)

“Avec la crise, l’accélération du changement a accéléré un certain nombre d’interrogations bien légitimes”, a reconnu M. Lefebvre, notamment chez les personnels jusqu’alors “assez peu concernés par le changement”.

Des médecins du travail ont notamment dénoncé, dans un rapport critiqué par la direction, une “forte dégradation de la vie au travail”, et une hausse des suicides et tentatives.

Pour y faire face, la Poste vient de lancer son nouveau plan Santé au travail, fondé sur le suivi individuel par des médecins du travail volontaires et l’instauration d’un délai minimum de 18 mois entre deux réorganisations.

Dans les bureaux de poste où les réorganisations ont lieu tous les deux ans, la conflictualité est “très faible”, a expliqué Jacques Rapoport, directeur de l’Enseigne la Poste. Car la principale cause de souffrance des guichetiers reste les incivilités des clients, selon lui.