Yuan : la Chine demande aux Européens d’arrêter de faire pression

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à Bruxelles (Photo : John Thys)

[06/10/2010 15:51:38] BRUXELLES (AFP) Le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, a demandé mercredi aux Européens d’arrêter de “faire pression pour une réévaluation du yuan”, soulignant qu’une appréciation brusque de la monnaie créerait des tensions sociales en Chine.

“Je dis aux dirigeants européens: ne rejoignez pas le choeur qui fait pression (auprès de la Chine) pour une réévaluation du yuan”, a déclaré M. Wen, lors d’un forum économique à Bruxelles.

“Certainement, nous mènerons des réformes”, a-t-il ajouté. “Mais d’un côté, nous devons maintenir la relative stabilité du yuan”.

Une appréciation brusque de la monnaie chinoise “conduirait beaucoup d’entreprises chinoises à la faillite, mettant des gens au chômage (…) et créant des troubles sociaux”, a-t-il encore estimé.

Or “si l’économie chinoise est en crise, cela ne sera pas une bonne chose pour le monde dans son ensemble”, a-t-il mis en garde.

L’Europe a accentué ces derniers jours la pression sur la Chine pour qu’elle laisse sa monnaie s’apprécier, alors que la crainte d’une “guerre des changes” mondiale s’accentue face à la crise économique.

Européens et Chinois se sont retrouvés cette semaine à Bruxelles pour un sommet entre Europe-Asie lundi et mardi, puis un sommet UE-Chine mercredi.

Les trois principaux responsables économiques européens – le chef de file des ministres des Finances de la zone euro Jean-Claude Juncker, le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet et le commissaire européen aux Affaires monétaires Olli Rehn – en ont profité pour rencontrer mardi Wen Jiabao, et inviter fermement Pékin à plus de flexibilité du taux de change du yuan.

Ils ont demandé une appréciation “significative” de la monnaie chinoise.

Mais M. Wen s’était montré ferme dès lundi, en demandant que les taux de changes des principales monnaies restent “relativement stables” entre eux.

Une manière polie de renvoyer dans les cordes les Européens qui, comme les Etats-Unis, soupçonnent Pékin de faire de la dévaluation compétitive pour doper ses exportations et sa croissance.

Ces échanges aigre-doux surviennent alors que l’euro ne cesse lui de s’apprécier sur le marché des changes, ce qui risque de peser sur les exportations européennes et de brider la fragile reprise économique.

La monnaie unique est montée au-dessus du seuil de 1,39 dollar pour la première fois depuis huit mois mercredi face au dollar.