Le FMI s’inquiète face à une reprise médiocre et bancale

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à New York (Photo : Stan Honda)

[06/10/2010 17:11:01] WASHINGTON (AFP) Le Fonds monétaire international s’est inquiété mercredi que la reprise de l’économie mondiale ne soit médiocre, surtout dans les pays les plus riches, et reste bancale, au moment où les conflits sur les taux de change prennent de plus en plus d’ampleur.

“L’impulsion de la reprise mondiale semble en train de faiblir”, a estimé l’institution dans ses “Perspectives économiques mondiales”. Et 2011 devrait être une année du ralentissement: la croissance pour l’ensemble de la planète atteindrait 4,2%, contre 4,8% en 2010.

L’économiste en chef du FMI, Olivier Blanchard, a souligné lors d’une conférence de presse à Washington la morosité des pays du G7 où “la consommation et une part de l’investissement sont toujours faibles, et vont le rester pour un certain temps”.

La première économie mondiale, les Etats-Unis, a subi la plus forte révision à la baisse des prévisions (-0,6 point de pourcentage). Mais à 2,3% en 2011, sa croissance resterait plus vigoureuse que celle de la zone euro (1,5%), y compris l’Allemagne (2,0%) et la France (1,6%), ou que celle du Japon (1,5%).

“Ce sont des taux de croissance faibles, au vu de la profondeur de la récession et de la masse des capacités productives inutilisées, et cela signifie une baisse très lente de taux de chômage qui sont élevés”, souligne le FMI.

“En revanche, dans la plupart des économies en développement et émergentes, la consommation et l’investissement sont solides, et par conséquent soutiennent la croissance”, a poursuivi l’économiste en chef.

Parmi les grandes économies émergentes, la Chine resterait championne du monde de la croissance (9,6%), talonnée par l’Inde (8,4%). Le Brésil connaîtrait un ralentissement marqué (4,1%, contre 7,5% en 2010).

Au niveau mondial, “le résultat est une reprise qui n’est ni forte ni équilibrée et qui court le risque de ne pas être durable”, écrit M. Blanchard.

Le FMI a regretté que ses conseils soient largement ignorés: la coordination des politiques économiques, la présentation de plans détaillés de réduction du déficit budgétaire par les pays développés, et la réévaluation des monnaies par les pays à la plus forte croissance.

Chez les premiers, “les projets de consolidation budgétaire +favorables à la croissance+ pour le moyen terme manquent toujours à l’appel”, a-t-il déploré.

Pour les seconds, “la coopération ou la coordination est probablement dans l’intérêt des pays émergents, de sorte qu’ils puissent voir leur monnaie s’apprécier d’une manière appropriée, et non s’engager dans des différends ou dans ce qu’on a appelé une guerre des devises”, a lancé M. Blanchard.

Cette expression belliqueuse avait été lancée le 27 septembre par le ministre brésilien des Finances, Guido Mantega, à l’attention de chefs d’entreprises du pays. Depuis, elle a fait le tour de la planète.

Lors d’un discours à Washington, le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner a appelé les pays émergents à faire “davantage de progrès” pour libéraliser leur taux de change, une critique du Brésil, qui lutte contre l’appréciation du real, et de la Chine.

A la veille de l’ouverture de son assemblée annuelle où il doit réunir ses 187 Etats membres, le FMI a pris nettement parti pour les Etats-Unis, parfois accusés d’affaiblir délibérément le dollar.

“Il est clair que quand nous parlons d’ajustement du taux de change, cela demande un ajustement du yuan vis-à-vis du dollar. Que cela se produise formellement par le biais d’une dévaluation du dollar et des monnaies d’autres pays développés, ou que cela se traduise par l’appréciation des monnaies des pays émergents, est sans importance”, a déclaré M. Blanchard.