ésident Nicolas Sarkoz, le 5 octobre 2010 à Savigny-sur-Orge (Photo : Boris Horvat) |
[07/10/2010 13:07:12] PARIS (AFP) Face à la perspective d’un durcissement du conflit sur la réforme des retraites et aux demandes de sa majorité sénatoriale, l’exécutif a lâché jeudi un peu de lest sur la retraite de certaines mères de trois enfants et de parents de handicapés mais est resté ferme sur les 62-67 ans.
Alors que les préavis de grève illimitée à partir de la journée d’action du 12 octobre se multiplient, notamment à la SNCF et à la RATP, des lycéens sont descendus dans la rue jeudi en Midi-Pyrénées.
Jeudi avant la reprise des débats sur la réforme au Sénat, Nicolas Sarkozy a réuni à l’Elysée Eric Woerth (Travail) et Georges Tron (Fonction publique) avec les dirigeants de sa majorité sénatoriale et décidé de proposer deux “avancées” pour tenter de désamorcer la contestation.
ésentation des amendements sur les retraites, le 6 octobre 2010 à Paris (Photo : Jacques Demarthon) |
Des amendements qu’Eric Woerth a présentés aux sénateurs dès l’ouverture de la séance, et déjà jugés “insuffisants” par l’opposition. “Des micro-modifications!”, a fustigé Olivier Besancenot (NPA). “Je crois que le gouvernement nous mène dans une impasse”, a dit Laurent Fabius (PS).
“Ce qui est sûr, c’est que ce ne sont pas des amendements de nature à modifier la critique fondamentale sur le projet de réforme”, a déclaré de son côté Bernard Thibault (CGT). La CGT des ports et docks a appelé les travailleurs portuaires à la grève samedi et dimanche.
Le premier amendement déposé par le gouvernement permet aux mères de trois enfants et plus, nées entre 1951 et 1955 et qui ont arrêté de travailler, de continuer à bénéficier d’une retraite sans décote à 65 ans. Quelque 130.000 femmes sont concernées.
Le deuxième amendement maintient à 65 ans l’âge d’annulation de la décote pour les parents d’enfants lourdement handicapés.
à Paris contre la réforme des retraites, le 23 septembre 2010 (Photo : Pascal Pavani) |
Ces mesures seront financées à hauteur de 340 millions par une hausse de 0,2% des prélèvements sociaux sur les revenus du capital et par l’alignement du taux des prélèvements forfaitaires sur les plus-values immobilières faites sur les résidences secondaires, sur celui des prélèvements sur les autres revenus du capital.
Quelques minutes après cette annonce un communiqué était diffusé par l’Elysée indiquant que le chef de l’Etat avait demandé au gouvernement de déposer “sans délai” des amendements sur les mères de familles nombreuses et les parents d’enfants handicapés.
Le premier amendement devra bénéficier, sans distinctions de sexe, à “tous les parents” de trois enfants à la carrière interrompue “au moins un an” par ces naissances, a précisé l’Elysée.
La majorité au Sénat, dont son président Gérard Larcher (UMP) et les centristes arbitres des votes – l’UMP n’ayant plus la majorité absolue -, réclamaient depuis plusieurs jours un geste sur les familles nombreuses et les handicapés.
L’exécutif n’a en revanche rien lâché sur les bornes d’âge : le relèvement progressif de l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans et celui de la retraite sans décote à 67 ans en 2023.
Loin de calmer les esprits, les annonces ont envenimé le débat, faisant ressembler le placide Sénat à la houleuse Assemblée Nationale.
“Vous théâtralisez les débats”, a lancé le président du groupe PS, Jean-Pierre Bel. “Vous êtes le ministre de la réclame, vous nous avez fait un spot publicitaire pour les ménagères de 55 à 60 ans”, a pesté Jean Desessard (Verts) à l’adresse d’Eric Woerth.
“Respectez le gouvernement, ne mettez pas sans arrêt des propos d’une violence extrême, le gouvernement a le droit de demander des amendements”, a rétorqué M. Woerth.
“Il y en a marre de vos leçons”, a lancé Philippe Dallier (UMP), accusant la gauche de n’avoir jamais proposé de réformer les retraites quand elle était aux affaires.