Port de Marseille : la CGT brandit la menace d’une pénurie de carburant

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é d’une entreprise de pétrochimie de l’étang de Berre, devant l’accès du dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer, le 7 octobre 2010 (Photo : Gerard Julien)

[07/10/2010 14:30:20] MARSEILLE (AFP) Les agents du port de Marseille qui bloquent depuis onze jours les terminaux pétroliers de Fos-sur-Mer et Lavera ont été rejoints jeudi par des salariés de raffineries pour bloquer temporairement un dépôt de carburant et brandir la menace d’une pénurie généralisée.

“Nous ne lâcherons pas, nous sommes prêts à engager le bras de fer au-delà du 12 octobre (date de la mobilisation nationale contre la réforme des retraites, NDLR), avec en point de mire, certainement, une pénurie de carburant dans les prochains jours”, a affirmé Pascal Galeoté, leader du syndicat CGT des agents portuaires, devant les grilles enchaînées du Dépôt pétrolier de Fos (DPF), qui alimente les pompes à essence de la région.

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és des entreprises de pétrochimie de l’étang de Berre bloquent l’accès au dépôt pétrolier de Fos , le 7 octobre 2010 (Photo : Gerard Julien)

L’Union française des industries pétrolières (Ufip) avait estimé lundi que le blocus des terminaux des Bouches-du-Rhône pourrait poser des problèmes d’approvisionnement d’ici deux à trois semaines, alors que la Corse devait déjà être ravitaillée jeudi par un navire en provenance de Sardaigne.

“La pénurie, ce n’est pas nous qui la maîtrisons, ce sera la conséquence de l’autisme du gouvernement”, a ajouté Jean-Michel Michelucci, délégué syndical Arkema et responsable de l’union régionale CGT de la Fédération chimie.

Autour d’eux, une cinquantaine de salariés de la pétrochimie locale, dont ceux de la raffinerie Ineos (ex-BP), l’une des quatre situées autour de l’étang de Berre, qui ont fait grève jeudi matin avant de voter la reprise du travail.

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étroliers bloqués le 5 octobre 2010 à Martigues (Photo : Anne-Christine Poujoulat)

Les camions-citernes ont pu pénétrer à nouveau dans l’enceinte de DPF en fin de matinée, au terme d’une conférence de presse organisée par la CGT autour de deux mots d’ordre: protester contre la réforme portuaire dans la filière pétrole et défendre l’avenir du raffinage, menacé selon le syndicat par le projet de dépôt pétrolier d’Oiltanking Mediaco Marseille (OTMM) à Fos. Le tout complété de revendications touchant aux retraites.

“On a fait aujourd’hui la démonstration de notre capacité à nous réunir, nous sommes en train de bâtir la convergence” des mouvements de contestation, a assuré M. Galeoté.

Une assemblée générale est prévue vendredi chez LyondellBasell (ex-Shell) et selon la CGT, le travail s’arrêtera dimanche à la raffinerie de la Mède (Total), faute de matière première, conséquence du blocage des terminaux par les agents portuaires.

“La situation se complique, on est sur des débits de plus en plus réduits. Et il n’est pas impossible que l’on envisage l’interruption de certaines opérations de raffinage dans les jours qui viennent”, a confirmé un porte-parole national de Total.

Toutefois, les salariés de ces quatre raffineries (en incluant Esso), qui assurent un tiers du raffinage français, ne devraient rentrer véritablement dans la lutte que mardi, la CGT reconnaissant “des différences” entre les entreprises, où elle n’est pas partout en position d’imposer ses vues.

Les agents du Grand Port Maritime de Marseille (GPMM), eux, s’opposent principalement à la création d’une filiale de gestion des terminaux pétroliers, baptisée Fluxel, dans le cadre de la réforme portuaire adoptée en juillet 2008 et dont la mise en oeuvre nourrit, depuis des mois, un âpre conflit entre la CGT et la direction du GPMM.

Le blocage des terminaux de Fos et Lavera, entamé le 27 septembre, contraignait jeudi une cinquantaine de navires à rester en rade, tandis que le travail a repris sur les terminaux de marchandises des bassins Est après une grève mercredi. Les arrêts de travail conduisent cependant des armateurs, comme CMA-CGM, à réduire leurs escales à Marseille-Fos au bénéfice d’autres ports de la Méditerranée.