Le Premier ministre chinois en Turquie pour “tourner une nouvelle page”

photo_1286530704095-1-1.jpg
à Ankara (Photo : Adem Altan)

[08/10/2010 09:41:50] ANKARA (AFP) Le Premier ministre chinois Wen Jiabao a rencontré vendredi les dirigeants turcs à Ankara pour discuter des moyens d’approfondir la coopération entre les deux économies émergentes, exprimant le souhait de “tourner une nouvelle page” dans les relations bilatérales.

M. Wen, le premier chef de gouvernement chinois à effectuer une visite en Turquie depuis huit ans, a été accueilli par le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, avec qui il doit signer une dizaine d’accords.

“J’espère sincèrement que cette visite va servir à renforcer la confiance politique bilatérale, renforcer notre coopération basée sur des bénéfices mutuels (…) et tourner une nouvelle page dans l’histoire des relations amicales turco-chinoises”, a-t-il déclaré dans un communiqué à son arrivée à Ankara tard jeudi.

Le Premier ministre chinois a cependant été la cible des protestations d’une centaine de manifestants ouïghours qui se sont réunis devant son hôtel pour fustiger le traitement par la Chine de sa minorité turcophone et musulmane dans la région du Xinjiang, a constaté un photographe de l’AFP.

La police a empêché les manifestants de s’approcher de l’hôtel et une chaussure jetée en direction de la voiture de M. Wen a manqué sa cible.

photo_1286530835517-1-1.jpg
ïghours, contenue par la police turque, devant l’hôtel où séjourne le Premier ministre chinois Wen Jiabao, le 8 octobre 2010 à Ankara (Photo : Adem Altan)

La Turquie reconnaît la souveraineté chinoise sur le Xinjiang mais l’an dernier Ankara a critiqué la répression des violences dans la région, M. Erdogan évoquant des “atrocités”.

Des accords devaient être signés vendredi dans les domaines du commerce, des transports, de l’énergie, des télécommunications et de la culture, ont indiqué des responsables turcs.

Le ministre des Transports Binali Yildirim a affirmé que ces accords comprenaient la modernisation du réseau ferroviaire turc, une coopération qui permettra le lancement de huit projets couvrant 4.500 km de voies ferrées.

Le quotidien à grand tirage Sabah a rapporté que la Chine était interessée par une participation dans des projets tels que le développement du métro et la construction d’un troisième pont sur le détroit du Bosphore, à Istanbul.

En 2009, le volume du commerce entre les deux pays a atteint 14,2 milliards de dollars (10,2 mds d’euros), les échanges étant constitués largement par les exportations chinoises.

Samedi, M. Wen, qui vient d’effectuer une tournée en Europe, doit rencontrer des hommes d’affaires à Istanbul, s’entretenir avec le président Abdullah Gül et visiter des sites historiques avant de quitter la Turquie.

Sa visite est considérée par les analystes comme l’expression par Pékin du désir d’attirer dans sa direction une économie émergente qui est rapidemment sortie de la crise mondiale, avec des taux de croissance de 11,7% puis 10,3% lors des deux premiers trimestres 2010.

“La Turquie est un pays sur lequel la Chine se penche beaucoup (…) pour des raisons économiques et politiques”, a commenté Sedat Laçiner du centre de réflexion Usak à Ankara.

Cet analyste souligne l’influence régionale grandissante de la Turquie, dirigée depuis 2002 par un gouvernement islamo-conservateur, et qui a renoué avec les pays arabes et l’Iran.

“Le pouvoir politique va de pair avec la puissance économique. La Chine est impressionnée par le rôle de plus en plus important que joue la Turquie au Moyen-Orient et dans d’autres pays de la région”, souligne M. Laçiner.

La semaine dernière, plusieurs quotidiens turcs ont fait état d’exercices militaires conjoints réalisés par des avions turcs et chinois en Anatolie, un événement considéré par certains analystes comme une indication de l’ouverture de la Turquie, le seul pays musulman de l’Otan, à de nouveaux partenariats.

L’ambassadeur de Turquie en Chine, Murat Salim Esenli, a confirmé dans le journal conservateur Zaman la tenue de ces exercices.