L’administration Obama n’ayant plus de mandat pour négocier de nouveaux accords de libre-échange, les Etats-Unis et la Tunisie ne pourront pas en conclure. Mais la porte ne semble pas définitivement fermée.
Quatre pays arabes éligibles il y a quelques années à des négociations en vue de conclure un traité de libre-échange avec les Etats-Unis, la Tunisie est le seul à ne pas avoir saisi l’opportunité offerte par le Congrès américain qui avait donné mandat à l’administration Bush-fils pour négocier et éventuellement conclure de tels accords avec des pays de la région MENA (Middle East and North Africa). Très difficiles durant tout le cycle, les négociations entre Tunis et Washington ont achoppé et n’ont pu être sorties de l’impasse avant que le mandat du Congrès au gouvernement us n’expire.
La Tunisie a-t-elle laissé passer sa chance ? Le ministre du Commerce et de l’Artisanat, Ridha Ben Mosbah, ne croît pas que la Tunisie a raté le coche, qui propose deux explications de l’échec des négociations commerciales tuniso-américaines, touchant l’une à la méthode et l’autre au fond. «Nous ne sommes pas parvenus à nous entendre en raison de divergences à propos de la démarche et de la philosophie», explique M. Ben Mosbah, jeudi 7 octobre 2010 lors d’un déjeuner-débat de la TACC (Chambre tuniso-américaine de commerce), animé par son nouveau directeur exécutif, Mondher Khanfir.
Sur le premier volet, le ministre relève une opposition entre le «one shot» américain –c’est-à-dire le fait de négocier et de conclure rapidement l’accord en question- et la démarche tunisienne progressive, ainsi que l’illustre l’évolution des rapports avec l’Union européenne depuis la conclusion du traité du 17 juillet 1995 instaurant une zone de libre-échange. «En Tunisie, nous n’aimons pas les changements brusques», justifie le ministre du Commerce et de l’Artisanat.
Et maintenant que la page du Free Trade Agreement (FTA) a été tournée –provisoirement ?- où va-t-on ? En fait, même si elles n’ont pas bénéficié de l’effet un tant soit peu accélérateur de cet accord de libre-échange, les relations économiques et commerciales entre les deux pays ne stagnent pas et, encore moins, reculent.
C’est probablement le message qu’a voulu faire passer Nazeh Ben Ammar, président de la Tunisian American Chamber of Commerce (TACC), en brossant un tableau assez dynamique de ces relations : missions commerciales aux Etats-Unis en cours de préparation par la Chambre, sélection d’artisans tunisiens en vue d’une action promotionnelle dans ce pays, projet de liaisons aériennes directes entre les deux pays à partir de 2010, etc.
Mais même à propos de l’éventuelle conclusion d’un FTA, la messe ne semble pas avoir été définitivement dite. La Tunisie n’a pas fermé la porte. Rappelant que la Tunisie a fait le choix de «s’intégrer à l’économie mondiale, mais de le faire de manière progressive», le ministre du Commerce et de l’Artisanat affirme qu’elle serait preneuse d’un accord de libre-échange avec les Etats-Unis portant, comme cela a été fait avec l’Union européenne, sur les produits manufacturiers». Mais, averti l’ambassadeur Gordon Grey, avant de parler de nouveau de négociations -le Comité technique mixte chargé de ce dossier devrait se réunir bientôt-, il va falloir d’abord s’atteler à réactiver le TIFA (Trade and Investment Framework Agreement) qui encadre actuellement les relations économiques tuniso-américaines. Ce qu’il promet d’essayer de faire du côté américain.