Retraites : la fin de la retraite à 60 ans actée au Sénat, la gauche mise sur la rue

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à Paris contre la réforme des retraites ke 2 octobre 2010. (Photo : Miguel Medina)

[08/10/2010 18:16:47] PARIS (AFP) Le Sénat a adopté vendredi la mesure-phare de la réforme des retraites, à savoir le recul de 60 à 62 ans de l’âge légal de départ à la retraite, quatre jours avant la mobilisation de mardi sur laquelle mise désormais la gauche pour faire reculer l’exécutif.

Par 186 voix contre 153, le Sénat a voté l’article 5 du projet défendu par Eric Woerth, sans le modifier par rapport à la version adoptée par l’Assemblée nationale en septembre.

Cela veut dire que cet article est définitivement adopté, sauf à envisager son retrait par le gouvernement ou un rejet de l’ensemble du projet de loi par le Sénat, comme le précisent les groupes PS et PCF.

“La mobilisation du 12 octobre et d’après peut encore faire bouger les choses pendant tout le temps du débat au Sénat qui pourrait encore durer deux semaines”, a réagi le groupe PS dans un communiqué.

Même espoir du côté du groupe PCF/Parti de gauche: “La loi est loin d’être votée”.

Les sénateurs de gauche espèrent maintenant que la journée d’action syndicale du 12 octobre obligera le gouvernement à reculer.

“Vous pensez pouvoir passer en force, c’est avoir peu de considération pour le peuple de France qui a montré de nombreuses fois dans son histoire ses capacités de résistance”, a lancé dans l’hémicyle l’ex-ministre communiste Jack Ralite.

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à Saint-Nazaire le 2 octobre 2010. (Photo : Frank Perry)

Avec émotion, le sénateur PS Pierre Mauroy a défendu la retraite à 60 ans, instituée en 1982 quand il était Premier ministre de François Mitterrand: “Nous pensons que c’est un droit presque fondamental”.

“Monsieur le Premier ministre, vous défendez le texte de l’époque. Vous dites vous même que les choses ont évolué. Le devoir, c’est bien de faire évoluer le système de retraite. Nous voulons qu’il soit pérenne”, lui a répondu Eric Woerth, qui a ajouté que l’on ne pouvait pas gouverner “avec nostalgie”.

“Aujourd’hui, à 62 ans, on est plus jeune qu’à 60 ans il y a quelques années”, avait aussi justifié le ministre du Travail.

“Honnêtement, quand je me regarde dans le miroir tous les jours, je ne suis pas persuadée de la véracité de cette démonstration”, a répondu la socialiste Odette Herviaux, tout juste 62 ans depuis janvier.

Les sénateurs de gauche ont défendu en vain plus d’une trentaine d’amendements catégoriels pour exonérer du passage aux 62 ans les marins-pêcheurs, les joailliers, les couturiers ou encore le personnel des établissements d’entraînement de chevaux de courses… allusion évidente à Chantilly, fief du cheval et d’Eric Woerth.

Après les 62 ans, les sénateurs ont commencé immédiatement la discussion de l’autre mesure d’âge, qui relève de 65 à 67 ans l’âge de départ sans décote, même sans tous les trimestres de cotisation.

Le gouvernement a déposé des amendements pour préserver la retraite à 65 ans des mères de trois enfants nées entre 1951 et 1955, ou des parents d’enfants handicapés.

La gauche a ouvert un nouveau front dans sa bataille de procédure affirmant que la présidence du Sénat ne voulait pas les autoriser à déposer des sous-amendements aux deux amendements du gouvernement, portant les concessions présentées par MM. Sarkozy et Woerth jeudi.

Le gouvernement et sa majorité avaient provoqué la colère de la gauche et des syndicats en examinant en priorité les mesures d’âge, afin qu’elles soient votées avant les grèves et manifestations de mardi.

La gauche a aussi protesté contre le propos du conseiller social de l’Elysée, Raymond Soubie, qui a misé sur un vote du texte avant le 23 octobre. Nicole Borvo Cohen-Seat (PCF) s’est exclamée: “Le président de la République ne va pas continuer à dicter au Parlement ce qu’il a à faire !”.