Chine : Wen Jiabao en Europe a posé les jalons d’une nouvelle Route de la soie

photo_1286538339813-1-1.jpg
à Ankara (Photo : Adem Altan)

[09/10/2010 08:14:53] ATHENES (AFP) En une semaine, Pékin a renforcé son influence en Europe, à la faveur de la crise, en volant au secours de la Grèce et en posant les jalons d’une nouvelle “Route de la soie”, autour d’investissements ferroviaires et maritimes reliant la Méditerranée orientale à l’Asie.

Les tensions avec les Européens sur les taux de change et les polémiques sur les droits de l’homme qui ont entouré l’annonce vendredi de l’attribution du prix Nobel de la Paix à un dissident chinois, n’ont pas empêché le Premier ministre chinois Wen Jiabao de multiplier les accords commerciaux en Grèce, Italie et Turquie, surtout dans les infrastructures de transport, durant une tournée qui devait prendre fin ce week-end.

Vendredi à Ankara, la Chine a signé des accords pour participer à la modernisation de 4.500 km de voies ferrées.

photo_1286530704095-1-1.jpg
à Ankara (Photo : Adem Altan)

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a lui-même appelé de ses voeux la création d’une “nouvelle Route de la soie” ferroviaire entre la Chine et l’Europe via la Turquie, sur le modèle des antiques itinéraires de caravaniers qui jusqu’au 16e siècle ont permis le commerce des marchandises entre les deux parties du monde.

En Italie, la Chine a aussi investi dans des infrastructures et des réseaux, mais liées à l’énergie solaire et aux télécoms. Wen Jiabao a appelé les entreprises italiennes, “Marco Polo d’aujourd’hui”, à investir davantage dans son pays.

photo_1286611759236-1-1.jpg
à Rome (Photo : Andreas Solaro)

Dans les trois pays, Pékin a promis que les échanges commerciaux allaient bondir d’ici à 2015, de 40 à 100 milliards de dollars par an avec l’Italie, de 17 à 50 milliards de dollars avec la Turquie, et doubler à 8 milliards avec la Grèce.

Le geste de Wen le plus commenté dans la presse internationale a été l’engagement chinois d’acheter des obligations d’Etat grec, lorsque le pays surrendetté et affaibli recommencera à émettre des obligations à long terme, une fois résorbée une partie de son abyssal déficit.

Mais, si certains ont estimé que l’initiative s’apparente à un “plan Marshall pour la Grèce”, de nombreux médias ont exprimé la crainte que la Grèce ne devienne “la première colonie chinoise en Europe” (Radio Netherlands Worldwide) ou un “cheval de Troie à queue de Dragon” pour le reste du vieux continent (Asia Times).

photo_1286611920013-1-1.jpg
éou et son homologue chinois Wen Jiabao, le 3 octobre 2010 à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki)

“La Chine a toujours attaché une grande importance à ses relations avec l’Union européenne. Si elle aide la Grèce dans la limite de ses possibilités, c’est pour éviter une contagion de la crise de la dette souveraine à l’ensemble de la zone euro”, a dit à l’AFP Wang Liqiang, chercheur au département Europe de l’académie des sciences sociales chinoises.

La Chine a renforcé son implantation au Pirée, premier port grec près d’Athènes, où le géant chinois Cosco a une concession de 35 ans sur deux terminaux de fret maritime.

L’objectif déclaré de Pékin est d’en faire le principal centre de transit des marchandises chinoises à destination du marché européen.

De 800.000 en 2010, le nombre de conteneurs traités par Cosco devrait passer à 3,7 millions d’ici à 2015, selon Wen, qui a aussi annoncé le déblocage de 5 milliards de dollars pour que les armateurs grecs puissent acheter des bateaux chinois.

La Chine qui a aussi un projet de centre logistique près du Pirée, a par le passé exprimé son intérêt pour les chemins de fer grecs promis à privatisation.

Au Pirée, où quelques rares murs portent l’inscription “China go home”, la discrétion est de mise, sans doute pour ne pas susciter de rejet.

Lors de la visite de Wen Jiabao, seuls les photographes chinois et grecs ont été conviés à immortaliser des photos de groupe sur fond de grues et de conteneurs. Les agences internationales n’ont pas été admises.