Le paysage audiovisuel tunisien (PAT) commence à prendre forme et à se diversifier suffisamment pour prêter le flanc, comme il se doit, à la critique et mériter l’éloge s’il en est. Ainsi en est-il des radios, car aux côtés de nos vieilles radios nationales, nous avons vu émerger Radio Mosaïque FM, Jawhara FM, Radio Zitouna, Radio Shems FM et bientôt Radio Express FM. Et nous espérons bien d’autres radios encore !
Passons vite sur les côtés organisationnels qui posent une multitude de questions et qui continueront d’en poser, tant sur les plans juridique et économique que sur le plan technique de partage des ressources de la bande FM comme des ressources du «gâteau» publicitaire qui est censé nourrir tout ce beau monde.
Ne nous attardons pas non plus beaucoup sur les véritables fonctions d’un média, audiovisuel ou autre. Un média doit, en théorie au moins, remplir trois fonctions essentielles, à savoir informer, distraire et éduquer. L’ordre dans le tiercé n’est pas obligatoire. Ces fonctions là sont quand même la raison d’être du média qui peut accessoirement gagner de l’argent, bien évidement en faisant son boulot.
Mais ce dont nous voulons surtout parler concerne le contenu et le projet rédactionnel de ces nouveaux médias ! Nous avons en effet un sacré héritage que nous autres publics aimerions ne pas voir se répéter.
En effet, depuis le début des années 80, une presse dite «populaire» et généralement hebdomadaire s’est développée dans le pays à partir de l’exemple du journal EL BAYAN. Elle a certes contribué en son temps à dépoussiérer le paysage journalistique pauvre et dominé par la presse quotidienne. Mais rapidement et jusqu’au jour d’aujourd’hui, presque 30 ans après, cette presse qui s’est développée démesurément n’a fait que se «cloner». Du lundi à dimanche, de plus anciens titres comme El Bayan, El Anouar ou Les Annonces, au plus récents, vous avez toujours le même menu, presque la même mise en page, les mêmes rubriques et le même style, à croire que l’esprit de différentiation et de personnalisation de la cible n’est pas passé par là.
C’est ce que nous voulons que nos jeunes radios de la bande FM évitent à tout prix, car il en va d’abord de la pérennité de leur modèle de produit qui, en se distinguant, s’enrichit. Comme il en va de l’offre générale du PAT, que nous croyons mériter et qui doit refléter un tant soit peu cette population tunisienne d’aujourd’hui.
Nous ne sommes pas tous accros à certains types de programmes… bien que nous en écoutions. Nous ne sommes pas tous obligatoirement sensibles au discours décalé d’Habib Mégalo et compagnie bien que nous en appréciions des fois l’insolence ! Nous n’avons pas tous 20 ans et des poussières pour nous régaler de derniers tubes de Beyonce et de Chakira. Notre société est riche et plurielle. Chaque frange de cette société mérite d’avoir sa «radio» et nous espérons en arriver là. En attendant, les réussites du modèle Radio Mosaïque ne doivent pas être la seule recette que les auditeurs trouveront sur la bande FM, comme en son temps la réussite du modèle AL Bayan et El Anouar ont été resservies à satiété.
Et bon vent à tous !