Port de Marseille : l’impact économique des grèves hypothèque l’avenir

photo_1286604963220-1-1.jpg
à Marseille, (Photo : Anne-Christine Poujoulat)

[09/10/2010 06:32:34] MARSEILLE (AFP) Les mouvements de grève sur les terminaux pétroliers de Fos-sur-mer (Bouches-du-Rhône) ainsi que sur les bassins Est de Marseille ont un impact économique lourd, selon les acteurs du secteur qui tirent la sonnette d’alarme pour l’avenir.

Après plus d’une dizaine de jours de grève, le mouvement qui bloque les terminaux pétroliers de Fos-Lavera est en train de réduire l’activité des raffineries de la zone.

Celle de Total-La Mède entamera dimanche les procédures de mise à l’arrêt progressive, a-t-on appris auprès de la direction et des syndicats.

Les entreprises se refusent “à communiquer sur les répercussions financières” du conflit social mais reconnaissent, à l’image de Total, que la situation se complique dans la région.

photo_1286552301335-1-1.jpg
à Marseille. (Photo : Anne-Christine Poujoulat)

Vendredi, 51 navires (3 chimiquiers, 11 navires propane/butane, 19 pétroliers de brut, 15 pétroliers de raffiné et 3 péniches) étaient bloqués dans la rade de Fos.

Selon l’UFIP (Union française des industries pétrolières), l’immobilisation d’un navire de type tanker coûte entre 30 et 50.000 euros par jour.

La dernière grande grève (15 jours) sur les terminaux pétroliers, en 2008, avait coûté environ 30 millions d’euros, selon la même source.

“L’UFIP constate avec inquiétude que les mouvements sociaux, qui ne cessent d’entraver depuis plusieurs années le fonctionnement normal du Port de Marseille, compromettent la compétitivité et donc la pérennité du raffinage dans cette région”, a-t-elle affirmé dans un communiqué.

Les grèves du port obligent également les acteurs du transport maritime à trouver des solutions transitoires pour tenter de limiter les dégâts.

photo_1286552410709-1-1.jpg
épôt pétrolier d’Ajaccio. (Photo : Stephan Agostini)

La CMA-CGM, 3e armateur mondial dont le siège se trouve dans la cité phocéenne, a ainsi décidé de “restreindre ses escales au Port de Marseille à destination du Nord Afrique, avec une seule escale au lieu de cinq”.

“Malgré des conditions d’escale très difficiles”, le groupe va cependant chercher à maintenir ses liaisons faisant escale à Fos, entre la Méditerranée et l’Asie ainsi que vers l’Amérique du nord.

“Les perturbations diminuent la capacité des ports, affectent les services maritimes qui y escalent, et portent fortement préjudice au commerce maritime français et aux importateurs et exportateurs français”, analyse l’armateur, d’autant qu’après avoir durement été touché par la crise, le volume des échanges maritimes a repris en 2009.

C’est ce qui fait enrager Raymond Vidil, PDG de Marfret, transporteur maritime de la zone. Ce mouvement “nous cueille au plus mauvais moment, on pouvait être au rendez-vous de la reprise et là, on n’y est nulle part”.

“Notre activité sur le Maghreb est stoppée complètement”, souligne ainsi M. Vidil.

Selon lui, par la faute de la CGT, l’activité conteneurs des bassins Est de Marseille est en voie de disparaître. Cette partie du port doit se spécialiser dans les lignes courtes de transport, ce qui exige une “optimisation du travail” et une “fiabilité satisfaisante” à l’escale, deux conditions qui ne sont pas remplies à Marseille, assure-t-il.

Enfin, les activités de commerce s’inquiètent également des conséquences de la grève sur le développement des croisières, un sujet au coeur du salon Top Cruise réunissant croisiéristes et agences de voyage à partir de samedi.

Selon “Terre de commerces”, fédération de commerces et de services des Bouches-du-Rhône, revendiquant 5.000 adhérents, le “blocus” du port a entraîné le week-end passé le détournement de plus de 11.000 croisiéristes et un manque à gagner de plus d’un million de chiffre d’affaires pour les commerçants.