L’étude stratégique a surtout constitué un exercice de méthodologie. L’on savait ce qu’il y a à faire mais l’on ne savait peut-être pas comment s’y prendre. Le mérite de la consultation a été de mettre de l’ordre dans les idées. Afin de gérer sa marche vers la maturité, le tourisme a donc commencé par structurer sa démarche en se donnant une feuille de route, et il lui serait aisé, à présent, de se mettre en ordre de bataille. Il faut hisser les voiles.
Un problème bien posé est un problème à moitié résolu. Et, c’est tout l’intérêt de la Consultation nationale sur le secteur touristique qui s’est déroulée le samedi 9 octobre. Le pays s’est donné un objectif. Il tient en deux chiffres. A l’horizon 2016, on doit pouvoir accueillir 10 millions de touristes et encaisser 20 milliards de dinars de recettes. Dit autrement, le pays, pionnier de la rive pour le tourisme de masse, entend récupérer la première place qu’il a négligemment laissé filer. La consultation nationale est venue mettre ce plan en chantier. Ce vaste programme a trouvé son «chemin de raison». On sait par où commencer et par quoi finir.
Ne pas se laisser enfermer dans une logique exclusive de mise à niveau
Nous considérons que l’apport principal de la consultation a été d’éviter au secteur de focaliser sur la mise à niveau de l’hôtellerie. Le secteur a besoin de réinventer sa politique de distribution. La seule façon de desserrer la contrainte des TO, qui ont une position dominante donc hégémonique leur permettant de s’approprier l’essentiel de la chaîne des valeurs est de les doubler au niveau des circuits des ventes et des segments de clientèle.
Pour sortir des sentiers battus, il faut reconfigurer l’offre. C’est-à-dire les produits : détacher le golf de la thalasso, de l’écologique, et donner à chacun une individualité propre. Mais également les tarifs : varier la durée des séjours, packager les prestations, aller dans la géométrie variable avec un doigté commercial, une offre globale pour donner des envies aux clients et leur permettre de faire leur marché avec un choix varié à souhait. Ratisser large, toucher celui qui programme ses vacances à l’avance et celui qui veut se laisser séduire en last minute. Le last booking prend de l’ampleur, il ne faut donc plus le négliger.
Varier les astuces avec des formules dédiées : «l’incentive», le voyage en groupe, l’escapade en famille, le voyage éclair, enfin s’adapter à tous les goûts. Et pour réaliser cela, il faut également réinventer la Com’ et le marketing pour enfin basculer vers le web et se mettre à la e-Résa. Le tourisme est plus malade de son atonie commerciale que du déficit de standing de son hôtellerie.
Pour retrouver un bain de jouvence, le secteur a enfin trouvé sa voie en commençant par élaborer un business plan. Ce sera la colonne vertébrale de son schéma directeur à l’avenir.
Le travail de benchmarking
Faire participer des compétences internationales à ce vaste travail en profondeur est utile parce qu’il comporte un effort de mise à l’épreuve au plan international. Il procure une sensation de validation pour le travail à accomplir. Dans une entreprise de ce genre, on a besoin d’un exercice de benchmarking pour se savoir dans le vrai. On a besoin de se comparer à ce qui se fait ailleurs dans le monde à une vaste échelle, et c’est toujours réconfortant de savoir que la démarche est consistante et cohérente.
La compétition est ouverte et le soleil brille pour tous mais il faut être assuré d’être dans la course et surtout se convaincre du réalisme des objectifs et principalement de leur priorisation selon un ordre cohérent. Mais aussi de leur pertinence. Et, cela donne des choix audacieux. Et dans ce sillage, l’affranchissement des régions en est un. Et, de taille. Nos régions pourront communiquer sous leurs couleurs locales. On le voit dans tous les pays avancés. En France, l’Alsace et La Savoie, à titre d’exemple, communiquent sous leur propre identité. Pareil pour l’Amérique ou la région des lacs se détache de la Californie.
La diversification du produit deviendra alors une réalité. Le pays ne sera plus prisonnier d’une facette de destination unique mais apparaîtra comme une plateforme avec une mosaïque de sites variés. Cela ajoute du charme et garantit un dépaysement.
Le travail de benchmarking libère donc les énergies des opérateurs et déride la communication et les façons de faire. Et, ça présente l’avantage d’être dans le coup.
Chacun sait ce qu’il doit faire
Lors de la consultation nationale, il y a eu aussi un travail de distribution des rôles. Les ordres de service sont conséquents. L’Etat et la profession connaissent désormais leurs obligations. Elles sont concomitantes. C’est-à-dire que chaque partie doit régler son pas sur l’autre. L’Etat doit répondre de l’impératif de la modernisation de la formation professionnelle pour être en posture de pouvoir chapitrer les hôteliers sur la qualité de service. Aux hôteliers d’observer une discipline financière et de respecter les échéanciers de leurs engagements.
Pour doper les dépenses des touristes, il faudra s’aligner aux normes internationales pour les produits qui attirent la clientèle dépensière. Il faut moderniser les parcours de golf, rester en pole position sur la thalasso, enfin respecter l’agenda qui a été convenu dans le cadre de l’étude stratégique.
Les parties prenantes savent ce qu’on attend d’elles. Désormais, on sait qui fait quoi dans ce qui doit être un deuxième départ dans la vie pour le secteur. Ce dernier s’est engagé dans une culture du résultat. Il lui faut passer aux réalisations.
De simple secteur pourvoyeur d’emplois, le tourisme sera, demain, un secteur structurant de notre économie. Etat et professionnel savent que les engagements sont contraignants et pour faire sens, on ajoutera qu’ils seront appréciés aux résultats. Donc au concret. Ho, Hisse !