“Touche pas à mon port” : le patronat marseillais vent debout contre la CGT

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és en rade de Marseille, le 11 octobre 2010, en raison de la grève (Photo : Gerard Julien)

[12/10/2010 05:43:55] MARSEILLE (AFP) Le patronat marseillais a appelé lundi à déloger de force les grévistes CGT qui bloquent depuis deux semaines les terminaux pétroliers de Fos-sur-Mer, stigmatisant, dans une publicité choc, la surenchère de “quelques grutiers” pour faire capoter la réforme portuaire.

Intitulée “The best job in the world”, cette publicité publiée par le quotidien Les Echos ironise en offrant de devenir “grutier au port de Marseille”, avec huit semaines de congés par an, 18 heures de travail hebdomadaires et un salaire de 4.000 euros bruts par mois.

“Ce sont des nantis”, a lâché Jean-Luc Chauvin, président de l’Union pour les entreprises des Bouches-du-Rhône (UPE 13), lors du lancement d’un collectif “Touche pas à mon port”, qui réunit patronat local, associations, professionnels indépendants et salariés.

Dans son viseur, la cinquantaine de grutiers-portiqueurs des bassins Est de Marseille, et leur leader Pascal Galeoté. Ce cégétiste qui représente aussi les 220 agents des terminaux pétroliers de Fos-sur-Mer et Lavera (à l’ouest), dénonce une “manoeuvre” du Medef avant la nouvelle journée nationale d’action sur les retraites.

“On essaie de nous faire passer pour une poignée de privilégiés, alors que 500 personnes sont concernées par la réforme portuaire. Ce ne sont ni les montants, ni les horaires annoncés”, a-t-il affirmé à l’AFP, citant une paie de 2.140 euros nets pour un salarié ayant 10 ans ancienneté et travaillant 151 heures par mois.

L’association SOS Racisme a quant à elle fait savoir lundi soir qu’elle mettait en demeure le collectif, coupable selon elle de “(détourner) sans pudeur le logo et le slogan emblématiques de (l’)association”, en se réservant le droit d’aller en justice.

Le secrétaire d’Etat aux Transports, Dominique Bussereau, a estimé qu’il en allait désormais de la survie du port de Marseille, a-t-il déclaré à Dunkerque, appelant à être “raisonnables”.

Le patronat marseillais reproche à une partie de la CGT de faire l’amalgame avec le dossier des retraites, “alors que son but est de faire capoter la réforme”. “Maintenant que la loi (de 2008 sur la réforme portuaire, ndlr) a été votée, il faut qu’on l’applique au plus tard pour le 31 décembre”, a affirmé M. Chauvin. “On demande au préfet d’envoyer la force publique”, a-t-il ajouté, tandis que 56 navires étaient en rade lundi, après deux semaines de blocage des terminaux pétroliers.

Au coeur du conflit, la création d’une filiale pour gérer ceux-ci. La CGT, qui en avait accepté le principe fin 2008 car le port restait actionnaire majoritaire, n’en veut plus au nom d’un prochain déclin de l’activité. Quant au patronat, il s’est toujours méfié d’une structure semi-publique.

“La filiale pétrole, elle ne nous plaît pas, mais on est légaliste et on l’accepte. Ceux qui ne l’acceptent pas, il faut les dégager”, a asséné lundi Jacques Pfister, président de la Chambre de commerce et d’industrie Marseille Provence.

Tandis qu’à l’ouest, dockers et agents portuaires des terminaux de marchandises, qui ont leurs propres sections CGT, n’appliquent que les mots d’ordre de grève de la Fédération nationale CGT des Ports et Docks touchant à la pénibilité, le patronat joue le jeu de la division syndicale.

“Ces actions (des agents des bassins est et du pétrole, ndlr) sont à dissocier totalement des revendications que peut avoir la CGT des dockers de Fos”, a souligné Hervé Balladur, président de l’UMF de Marseille-Fos.

Reste que les hydrocarbures sont le principal moyen de pression dans un port où ils pèsent les deux tiers du trafic et alimentent un tiers du raffinage français. “A chaque fois qu’elle a bloqué le pétrole, la CGT a gagné”, a d’ailleurs rappelé M. Chauvin.