La Russie veut devenir un paradis pour les touristes étrangers d’ici 2016

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ès de la cathédrale Sainte-Basile à Moscou, le 4 août 2010 (Photo : Natalia Kolesnikova)

[12/10/2010 15:06:57] MOSCOU (AFP) La Russie a annoncé un plan ambitieux destiné à faire d’elle un paradis pour touristes étrangers d’ici 2016, alors que ses hôtels sont aujourd’hui parmi les plus chers au monde, ses infrastructures insuffisantes et les déplacements dans le pays soumis à un strict contrôle.

“Nous allons tout faire pour qu’un touriste étranger se sente bien en Russie”, a déclaré à l’AFP Nadejda Nazina, vice-ministre du tourisme et du sport russe.

Un programme de développement pour 2011-2016 qui doit être examiné bientôt par le gouvernement vise à promouvoir le marché du tourisme étranger en Russie, a-t-elle précisé.

Développement des infrastructures, formation de spécialistes de haut niveau et vaste campagne publicitaire à l’étranger figurent dans ce programme qui devrait bénéficier d’un financement de 352 milliards de roubles (environ 8,5 milliards d’euros).

En cas de succès, “dans cinq ans, jusqu’à 40 millions de touristes étrangers pourraient visiter la Russie chaque année” soit seize fois plus qu’aujourd’hui, estime Mme Nazina. Selon l’Agence fédérale de tourisme, quelque 2,3 millions de touristes étrangers ont visité la Russie en 2009.

“C’est un pronostic qui relève de la science-fiction”, a jugé Maïa Lomidze, directrice exécutive de l’Association russe des opérateurs touristiques.

“Trop de conditions doivent être remplies pour que ce plan se réalise. Il faut surtout que nous disposions d’hôtels à des prix abordables. La Russie est un pays assez cher”, relève-t-elle.

Ce sont Moscou et Saint-Pétersbourg, ancienne capitale russe, réputées pour leurs hôtels de luxe, qui détiennent toujours la palme en accueillant “de 95% à 98% des touristes étrangers” venant en Russie, selon Irina Tiourina, porte-parole de l’Union russe de l’industrie touristique.

Suivent l’Anneau d’or, une région au nord-est de Moscou qui compte plusieurs anciennes cités princières comme Vladimir et Rostov, le Kamtchatka (Extrême-Orient russe) et la région du lac Baïkal, en Sibérie.

“Mais à Moscou, il n’y a presque pas d’hôtels de classe économique ou bien ils sont de piètre qualité. Et les prix y sont exorbitants”, dit Mme Tiourina.

Selon une récente étude réalisée par la société spécialisée Hogg Robinson Group, le prix moyen d’une chambre à Moscou est d’environ 402 dollars, soit le tarif plus élevé au monde.

Autre problème : les formalités d’enregistrement obligatoires pour les étrangers qui viennent en Russie.

Non seulement un étranger doit indiquer le nom des villes qu’il envisage de visiter lorsqu’il demande un visa russe, mais “ce qui est le plus humiliant, il doit s’enregistrer auprès des services d’immigration locaux à chaque fois qu’il se déplace d’une ville à l’autre”, indique Mme Tiourina.

Enfin, la Russie est un pays qui “n’est pas encore adapté aux besoins des touristes étrangers”, estime Mme Lomidze. Il n’y a pas d’indications en anglais dans le métro de Moscou à l’exception de petits plans du réseau affichés dans les wagons, ni d’excursions organisées avec traduction simultanée en plusieurs langues comme dans d’autres capitales européennes.

“Les conditions sont telles qu’un étranger qui ne parle pas russe ne peut se déplacer tout seul”, déplore Mme Lomidze.

“Si le plan gouvernemental se réalise, les opérateurs touristiques seront ravis… Il y a beaucoup de choses à voir en Russie”, ajoute-t-elle.