Wyeth tout juste intégré, Pfizer rachète King Pharmaceuticals pour 3,6 mds

photo_1286906244644-1-1.jpg
ège social du laboratoire pharmaceutique américain Pfizer à New-York, le 20 octobre 2009 (Photo : Timothy A. Clary)

[12/10/2010 17:59:16] NEW YORK (AFP) Le numéro un mondial de la pharmacie, l’américain Pfizer n’en finit pas de grossir: alors qu’il a finalisé il y a tout juste un an sa méga-fusion avec Wyeth, il a annoncé mardi le rachat du spécialiste des antalgiques King Pharmaceuticals pour 3,6 milliards de dollars.

Pfizer a passé un “accord définitif” avec King Pharmaceuticals, spécialisé dans les médicaments antidouleur, mais qui comprend également une division de médicaments vétérinaires.

Cette acquisition permettra de “créer l’un des plus importants portefeuilles d’antalgiques (…) avec à la fois des produits opiacés et non-opiacés, de même qu’un éventail de produits en développement à différents stades cliniques”, souligne le groupe dans un communiqué.

L’opération se fera entièrement en numéraire pour 14,25 dollars par action, soit une prime d’environ 40% comparé au prix de clôture de King Pharmaceuticals lundi.

L’action de Pfizer reculait de 0,23% à 17,34 dollars vers 17H15 GMT dans un marché en baisse, tandis que celle de King Pharmaceuticals bondissait de 39,41% à 14,15 dollars, en ligne avec l’offre.

Ce rachat intervient un an seulement après la finalisation de la fusion avec Wyeth, une opération de 68 milliards de dollars qui avait fait de Pfizer, déjà numéro un mondial, un mastodonte du secteur pharmaceutique.

“La transaction représente 2% de la valeur d’entreprise de 164 milliards de dollars de Pfizer”, remarque Morgan Stanley dans une note.

Pour Gregori Volokhine, analyste du cabinet de gestion d’actifs Meeschaert New York, “Pfizer se renforce dans un secteur dans lequel il n’était pas tellement présent, les antidouleurs, et achète King à (un prix) raisonnable”.

Pfizer affirme que ce marché est en développement, avec 320 millions d’ordonnances délivrées en 2009.

“Ils ont 19 milliards de dollars de liquidités et encore des ressources, ils vont probablement faire d’autres rachats”, estime Herman Saftlas, analyste de Standard and Poor’s, qui ajoute que “le secteur de la santé vétérinaire génère beaucoup de cash”.

L’achat devrait avoir un impact positif d’environ 2 cents sur le bénéfice par action de Pfizer en 2011 et 2012 et d’environ 3 à 4 cents entre 2013 et 2015, autre avantage pour M. Volokhine, qui juge que “c’est vraiment un achat qui a du sens”.

M. Volokhine souligne également que ce rachat permet de renforcer Pfizer là où il est le plus fragile: l’expiration des brevets de médicaments vedette.

Les brevets du Lipitor (anti-cholestérol), du Viagra (troubles de l’érection) et du Celebrex (anti-arthrite) “sont en train d’expirer et cela va entraîner un trou dans leur portefeuille de produits”, constate Herman Saftlas.

“Les médicaments de King Pharmaceuticals ne sont pas en fin de vie” poursuit M. Volokhine, qui note que “de tous les fabricants pharmaceutiques, Pfizer est celui qui a le plus de problèmes d’expiration de brevets”.

La transaction devrait être finalisée au dernier trimestre 2010 ou au premier trimestre 2011, sous couvert de l’obtention du feu vert des autorités.

Elle devrait permettre de dégager des économies d’au moins 200 millions de dollars par an à partir de 2013.

Morgan Stanley souligne que “le portefeuille de produits en développement de King présente des opportunités intéressantes mais il est difficile de prévoir si l’agence américaine du médicament (FDA) va approuver la mise sur le marché de futurs produits qui empêchent l’abus de médicaments”.

M. Saftlas explique que l’abus de médicaments à des fins récréatives “est un gros problème de santé publique” et que King Pharmaceuticals développe des techniques qui forcent la diffusion progressive des antalgiques, particulièrement ceux qui sont à base de morphine, pour combattre les risques d’utilisation abusive et d’accoutumance.