L’Américain Molex cesse de payer le plan social pour son ex-usine en France

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équipementier automobile Americain Molex, et plusieurs ex-salaries du groupe patientent, le 24 septembre 2010 devant le tribunal des Prud’hommes de Toulouse. (Photo : Pascal Pavani)

[13/10/2010 17:28:30] TOULOUSE (AFP) Le groupe américain Molex vient de répliquer à l’action engagée aux prud’hommes par près de 200 salariés de son usine française de Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne), fermée en 2009, en cessant de financer le plan social et en s’en remettant peut-être à la collectivité pour le faire.

Cette décision a suscité la colère de la CGT et du ministre de l’industrie Christian Estrosi.

“Cette décision annoncée mardi nous confirme les méthodes mafieuses de Molex, avec ces mesures de rétorsion contre les 189 salariés qui contestent leur licenciement économique devant les prud’hommes”, a déclaré Guy Pavan, délégué CGT, mercredi.

“Je ne laisserai pas Molex fuir ses responsabilités et trahir un seul de ses engagements”, a déclaré, l’information à peine connue, le ministre de l’Industrie dans un communiqué.

Le ministre s’était personnellement engagé en faveur d’un plan social avantageux pour arracher à la mi-septembre 2009 la fin d’un an de résistance que les 283 salariés avaient opposée à la fermeture de l’entreprise de connectique automobile. Plus tard, il avait qualifié les dirigeants du groupe américain de “patrons voyous”.

La plupart des salariés ont été licenciés en octobre 2009, avec des indemnités de licenciement avantageuses et un congé de reclassement de neuf mois, avant de se retrouver au chômage en juillet 2010. Une quarantaine a retrouvé un emploi chez VMI (Villemur-Industries) créé par le fonds d’investissement HIG à la demande de M. Estrosi.

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à l’Assemblée nationale à Paris le 5 octobre 2010 (Photo : Jacques Demarthon)

Les 23 représentants du personnel ont été licenciés en avril, six mois plus tard, après accord du ministre du travail Eric Woerth; 19 d’entre eux, encore en congé de reclassement, devaient être payés jusqu’en janvier 2011. Ils s’étaient étonnés la semaine passée de ne pas toucher leur indemnité de septembre.

Un “liquidateur amiable” (la société BTSG), nommé le 28 septembre par le tribunal de commerce de Paris, leur a appris que la société française “Molex Automotive SARL” (ce qui subsistait de Molex en France et qui assumait le paiement des congés de reclassement et du Plan de sauvegarde de l’emploi) n’était “pas en mesure d’honorer l’échéance du 30 septembre”.

BTSG les a aussi informés que la maison-mère américaine lui avait signifié mardi son refus d’apporter les fonds nécessaires à sa filiale, après avoir déjà versé 30 millions d’euros.

“La délivrance de 189 assignations devant le conseil des prud’hommes de Toulouse en date du 24 septembre (…) visant à obtenir une indemnisation supplémentaire équivalent à cinq années de salaires (…), les conduisent à cesser purement et simplement toute forme de soutien financier à leur filiale française”, explique la lettre adressée par BTSG à l’avocat des Molex Jean-Marc Denjean et dont l’AFP a eu connaissance.

BTSG ajoute qu’elle doit à présent entamer une procédure de liquidation judiciaire et indique que le futur mandataire liquidateur pourrait solliciter l’intervention de l’AGS.

L’AGS est le régime de garantie des salaires qui intervient quand une entreprise ne peut plus faire face à ses dettes et que des salaires ou des indemnités restent impayés.

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és de l’usine Molex de Villemur-sur-Tarn, le 16 septembre 2009 (Photo : Remy Gabalda)

“La direction ne respecte pas ses engagements, se croit tout permis et se défausse sur la collectivité”, s’est indigné le délégué CGT.

Me Denjean a parlé de “nouvel affront aux salariés et de pied de nez au gouvernement qui, en cautionnant l’accord, avait pris l’engagement de le faire respecter”.

M. Estrosi “condamne avec la plus grande fermeté l’attitude” de Molex, qui a agi “brutalement et sans aucune concertation”. Il “exige” que Molex tienne ses engagements et assure qu’il emploiera “tous les moyens de droit possibles afin que Molex garantisse le paiement des sommes dues”.

Dans un contexte de désindustrialisation, Molex est devenu un symbole de ces entreprises jugées rentables et viables, mais sacrifiées sur décision étrangère au nom d’une logique financière globale échappant au personnel.