Retraites : réunion cruciale des syndicats, blocage des raffineries

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êlant des lycéens et des ouvriers de la raffinerie Total de Donges à Saint-Nazaire le 14 octobre 2010 (Photo : Frank Perry)

[14/10/2010 10:06:02] PARIS (AFP) Devant la fermeté du président Nicolas Sarkozy, les syndicats qui refusent la réforme des retraites en France se réunissent jeudi pour tenter de maintenir la mobilisation, qui se poursuit notamment dans les transports et les raffineries bloquées.

“Il n’y aura pas de pénurie d’essence à la pompe”, a promis jeudi le secrétaire d’Etat aux Transports, Dominique Bussereau, malgré les grèves qui touchent dix des douze raffineries françaises.

Le ministre, qui a noté une augmentation de 50% de la consommation d’essence cette semaine, a fait état de réserves pour tenir au moins un mois, tout en appelant les automobilistes à ne pas se ruer sur les stations service par crainte d’une rupture de stocks de carburant.

Face à un gouvernement qui a réaffirmé mercredi son inflexibilité sur la réforme des retraites et ses mesures phares (le report de l’âge de départ à la retraite de 60 à 62 ans pour l’âge minimal, de 65 à 67 ans pour une retraite à taux plein), les syndicats ne désarment pas.

Après le succès éclatant mardi de la quatrième journée de mobilisation depuis la rentrée (entre 1,2 et 3,5 millions de manifestants selon les sources), les responsables syndicaux se réunissent jeudi après-midi pour décider de la suite à donner au mouvement.

“Notre stratégie, c’est de poursuivre, on a le mandat” des Français car “les trois-quart de la population disent que cette réforme est mauvaise”, a assuré mercredi soir à la télévision le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault.

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à Paris le 14 octobre 2010 (Photo : Etienne Laurent)

“Inévitablement, si on veut obtenir des choses, il faut qu’on continue”, a renchéri François Chérèque, la patron de l’autre grand syndicat français, la CFDT. Il estime que pour l’opinion publique cette “réforme symbolise toutes les injustices dans notre pays”.

54% des Français sont favorables à une grève générale, comme celle menée en 1995 contre un plan de réforme des retraites, qui avait fait reculer le gouvernement, selon un sondage pour la télévision Canal Plus diffusé jeudi.

La grève qui affecte essentiellement les secteurs stratégiques de l’énergie et des transports ferroviaires se poursuivait jeudi.

Dix des douze raffineries de France sont actuellement affectées et huit d’entre elles, représentant plus de 70% des capacités du secteur, sont à l’arrêt ou en cours d’arrêt, selon l’Union française des industries pétrolières (Ufip).

Dans les chemins de fer, le trafic était encore perturbé jeudi matin, avec 4 TGV (trains à grande vitesse) sur 10, comme la veille. Le service international est normal sur l’Eurostar et quasi normal vers la Belgique (9 Thalys sur 10), la Suisse et l’Allemagne (9 sur 10). Les autres trains internationaux ne sont pas assurés.

Les lycéens, qui avaient massivement rejoint mardi avec les étudiants, pour la première fois, les salariés dans la contestation de la réforme, sont appelés par leurs organisations à des rassemblements et manifestations jeudi.

Quelque 342 lycées étaient “perturbés à des degrés divers”, soit 8% des lycées du pays, selon le ministère de l’Education nationale.

Une université à Rennes (ouest) a été fermée par son président, “pour des raisons de sécurité”, après le blocage du site par des étudiants anarchistes.

L’entrée des lycéens et étudiants dans le mouvement pourrait constituer un tournant selon des politologues rappelant les précédents de réformes avortées face à de fortes mobilisations de la jeunesse.

Le gouvernement a d’ailleurs vivement dénoncé “l’irresponsabilité” des syndicats et de l’opposition de gauche qui avaient appelé les jeunes à manifester.

Pendant ce temps, les élus de gauche poursuivent au Sénat leur guérilla parlementaire, repoussant le vote du projet de loi de réforme des retraites au 20 octobre, alors que que plus de 800 amendements au projet restent à étudier.