USA : la crise des saisies immobilières onéreuse mais pas encore menaçante

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à Miami, en Floride, le 16 septembre 2010 (Photo : Joe Raedle)

[15/10/2010 06:42:55] NEW YORK (AFP) Le gel de centaines de milliers de saisies immobilières aux Etats-Unis pourrait coûter cher aux banques, mais il a peu de chances de menacer l’ensemble du système financier comme l’avait fait la faillite de Lehman Brothers fin 2008.

Trois des plus grands organismes de prêts hypothécaires, Ally Bank, JPMorgan Chase et Bank of America, ont annoncé ces trois dernières semaines le gel de leurs saisies en cours en raison d'”erreurs” de procédure: des documents signés sans vérification ou certifiés sans la présence requise d’un notaire.

Dans une Amérique traumatisée par un chômage qui approche les 10% et des saisies immobilières record qui ont dépassé les 100.000 pour le seul mois de septembre, les associations de consommateurs ont été nombreuses à appeler à un moratoire généralisé.

En pleine campagne pour les élections de mi-mandat, la classe politique a embrayé, un groupe de parlementaires démocrates californiens ayant notamment réclamé à la Maison Blanche de lancer une enquête.

Mercredi, les autorités de 50 Etats ont joint leurs forces pour enquêter sur la question. Les autorités fédérales examinent elles aussi le problème.

De nombreux avocats ont d’ores et déjà déposé des plaintes en nom collectif pour le compte de propriétaires immobiliers dont le logement aurait été saisi indûment.

La Sifma, l’une des associations américaines du secteur de la finance, s’est alarmée de la possibilité d’un moratoire généralisé des saisies, qui serait selon elle “catastrophique”.

“Ceux qui investissent dans l’immobilier, notamment les travailleurs américains qui ont des fonds de retraite en actions, verraient leurs économies diminuer injustement à cause de cela”, a expliqué lundi son président Tim Ryan.

Le Washington Post citait jeudi un analyste de la maison de recherche Graham-Fisher, Josh Rosner, selon lequel un moratoire total sur les saisies “pourrait provoquer la même situation qu’en 2008”, allusion à la faillite de la banque Lehman Brothers qui avait plongé le système financier dans la tourmente.

Mais la plupart des analystes ne croient pas à un scénario catastrophe.

“Le pire serait que de nombreuses erreurs de procédure soient découvertes, que les 50 Etats demandent un gel de toutes les saisies qui durerait pendant des mois avec des poursuites de plus en plus importantes”, indique Erik Oja, analyste de l’agence de notation Standard and Poor’s.

Il juge néanmoins cette hypothèse peu probable. Pour lui, “l’affaire sera gérable”, même si elle imposera aux banques des dépenses d’avocats et le paiement d’amendes, ainsi que des provisions pour défauts de prêts et des capitaux propres renforcés.

“Le seul chiffre qui circule est celui réclamé par le ministre de la Justice de l’Ohio, qui a lancé le chiffre de 25.000 dollars par cas” où une erreur de procédure serait avérée, ajoute-t-il.

“Penser que cette affaire va faire sauter les banques, c’est pousser un peu loin”, renchérit Jaime Peters, analyste à la maison de recherche Morningstar.

Les avocats vont forcer les banques à prouver qu’elles ont respecté à la lettre les procédures de saisies mais cela ne devrait entraîner que des retards de procédures et une hausse des dépenses pour les banques, estime-t-elle.

Elle juge peu probable que ces problèmes s’étendent à des banques plus petites, “qui n’ont probablement pas été confrontées au problème des signatures automatiques” de dossiers.

Lors de la présentation des résultats trimestriels de leur banque mercredi, les dirigeants de JPMorgan Chase, qui a suspendu quelque 115.000 saisies, ont indiqué consacrer des “ressources substantielles” à la vérification de ces dossiers et assuré qu’il ne leur faudrait que quelques semaines pour terminer.

Ils ont également affirmé que leurs dossiers de saisies étaient corrects.