Retraites : le bras de fer se durcit autour de la réforme

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és à proximité du terminal pétrolier de Fos-sur-Mer le 15 octobre 2010 (Photo : Anne-Christine Poujoulat)

[15/10/2010 09:35:02] PARIS (AFP) Le bras de fer autour de la réforme des retraites s’est durci vendredi, avec le déblocage de dépôts d’hydrocarbures ordonné par l’Elysée et la poursuite de la fronde lycéenne, avant deux nouvelles journées de mobilisation, samedi et mardi prochains.

Les autorités ont fait intervenir les forces de l’ordre pour libérer les accès de trois dépôts vendredi au petit matin, ceux de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), Bassens (Gironde) et Cournon d’Auvergne (Puy-de-Dôme), afin de prévenir le risque de pénurie de carburants.

“On ne peut pas se permettre une pénurie d’essence, il faut penser à toutes celles et tous ceux d’entre nous qui ont besoin de se déplacer (…), aux entreprises, aux transporteurs routiers, tout ce qui fait la vie de notre pays”, a justifié le secrétaire d’Etat aux Transports Dominique Bussereau.

La décision de déblocage a été prise jeudi soir lors d’une réunion autour du président Nicolas Sarkozy à l’Elysée.

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és devant le dépôt pétrolier de Lespinasse près de Toulouse le 15 octobre 2010 (Photo : Eric Cabanis)

Le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault a jugé que ce déblocage n’était pas la “méthode qui permettra de sortir de l’impasse sur la réforme des retraites”. Il a accusé le gouvernement de “tendre le climat dans le pays”.

De nouveaux dépôts ont d’ailleurs été aussitôt bloqués par des manifestants, au Mans (Sarthe), à Caen, Ouistreham (Calvados), La Rochelle et temporairement près de Tours et à Vern-sur-Seiche (Ille-et-Vilaine).

Les dépôts sont devenus le principal moyen de pression dans le cadre du conflit sur les retraites depuis que la production de carburants est affectée par le blocage de terminaux pétroliers dans les ports et les mouvements de grève dans les raffineries.

A l’autre pointe de la mobilisation, du côté des lycéens, 306 établissements étaient perturbés à des degrés divers vendredi matin, soit 7,1% de l’ensemble des lycées, un peu moins que la veille, a indiqué le ministère de l’Education nationale.

L’Union nationale lycéenne (UNL), première organisation, qui avait appelé à une journée d’actions jeudi, ayant donné lieu à des heurts entre jeunes et policiers, pour vendredi qu’à des assemblées générales. La Fidl, deuxième organisation, prévoit, elle, un rassemblement à 11H00 devant l’Hôtel Matignon.

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éens manifestent devant le lycée Turgot à Paris le 15 octobre 2010 (Photo : Bertrand Guay)

Des manifestations avaient déjà eu lieu vendredi matin dans toute la France, dont à Montreuil (Seine-Saint-Denis) où un lycéen a été blessé la veille par un tir de flash-ball. A Cannes, un policier a été blessé par un jet de pierres.

Du côté des entreprises et des administrations, la mobilisation se poursuit dans le public (débrayages dans la fonction publique territoriale et certains hôpitaux) et dans le privé (Arkema, Rhodia, métallurgie…).

A la SNCF, le trafic s’est amélioré vendredi, mais l’entreprise conseille cependant le report des voyages vers le sud ce week-end.

La CFDT et la CGT du transport routier annoncent aussi une multiplication des actions pour la fin de semaine.

Alors qu’une journée nationale de manifestations est prévue samedi, cette mobilisation multiforme pourrait, en l’absence de réponses de l’exécutif, se maintenir au moins jusqu’à mardi, nouvelle journée de grèves et de manifestations fixée par l’intersyndicale. Le Sénat doit voter le projet de loi mercredi.

La secrétaire générale de la FSU, Bernadette Groison, a assuré vendredi que la mobilisation se poursuivra après le vote des sénateurs “si cette réforme reste en l’état”.

De son côté, la patronne du PS, Martine Aubry, a appelé jeudi Nicolas Sarkozy à suspendre le débat parlementaire car “la France ne veut pas de cette réforme”, selon elle.