Continental Midi-Pyrénées : CGT et CFDT refusent le plan emplois contre salaires

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à Paris le 24 juin 2009. (Photo : Jacques Demarthon)

[15/10/2010 12:08:23] TOULOUSE (AFP) Les deux syndicats majoritaires chez Continental en Midi-Pyrénées ont définitivement fait avorter vendredi un plan qui, selon la direction, garantissait l’emploi en échange de sacrifices salariaux mais qui, selon CGT et CFDT, relevait d’un inacceptable chantage.

CGT et CFDT ont indiqué vendredi avoir usé de leur droit d’opposition et envoyé des courriers recommandés en ce sens à la direction et aux autres syndicats.

Malgré une tentative de médiation sous l’égide des pouvoirs publics jeudi, ce plan est donc “légalement mort”, a dit le représentant CFDT, Sami Hamida. Le plan est “réputé non-écrit, ce qui veut dire qu’il n’existe pas”, a abondé son collègue de la CGT, Olivier Grimoux.

L’avenir des trois usines de Continental Automotive France, filiale française du géant allemand, en Midi-Pyrénées, reste plus en question puisque la direction évoque désormais la possibilité de 1.000 suppressions d’emplois.

Le plan qui a périclité vendredi a donné lieu mi-septembre à une consultation très controversée organisée par la direction auprès des 2.500 salariés des trois usines de Toulouse, Boussens (Haute-Garonne) et Foix (Ariège).

La direction de l’équipementier automobile proposait le marché suivant: un quasi-gel des salaires en 2011, une forte baisse de la prime d’intéressement et deux jours de réduction du temps de travail en moins chaque année jusqu’en 2015, contre un engagement de la direction de Continental en Allemagne à préserver l’emploi jusqu’en 2015.

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à Clairoix le 30 mars 2010 (Photo : Jacques Demarthon)

Les salariés ont dit “oui” à 52%. 83% du personnel a voté. Cependant, selon la CGT et la CFDT qui avaient appelé à boycotter la consultation, entre ceux qui n’ont pas voté et ceux qui ont dit “non”, ce sont 57% des salariés qui ont rejeté le plan.

FO, CFE-CGC et CFTC ont depuis signé l’accord.

Mais CGT et CFDT ont, comme prévu, fait valoir leur droit d’opposition vendredi, conformément à la loi de 2008 régissant les accords au sein des entreprises. La loi dispose qu’un ou plusieurs syndicats ayant recueilli la majorité des voix aux élections professionnelles peut s’opposer à un accord.

CGT et CFDT ont recueilli à elles deux 60% des voix chez Continental Automotive France.

Elles font valoir que l’entreprise enregistre des bénéfices considérables et que rien ne justifie un tel plan. Elles invoquent le précédent de Clairoix (Oise). Continental y a fermé son usine début 2010 malgré les sacrifices acceptés en 2007 par les 1.100 salariés contre une promesse de maintien de l’emploi jusqu’en 2012.

La direction concède que Continental Automotive France va bien mais assure que les trois sites vont au-devant d’une baisse inquiétante de commandes en 2012 et 2013.

Elle vient de causer l’alarme des syndicats en évoquant la possibilité, faute d’accord avec les syndicats que la direction allemande du groupe ne “prenne la main” à la direction française et que 1.000 emplois ne soient supprimés.

La CGT et la CFDT ont déclenché le droit d’alerte pour forcer la direction à expliquer au personnel d’où vient ce chiffre de 1.000 qui “sort de nulle part”, selon les mots du représentant CGT.

Dans une région affectée par la désindustrialisation rapide en cours en France, où 250.000 emplois industriels ont disparu en 2009, les pouvoirs publics entendent poursuivre leur médiation, après une réunion jeudi où, selon la CGT et la CFDT, chacun a campé sur ses positions.

Nommé médiateur par la préfecture, le président du Conseil économique et social de Midi-Pyrénées, Jean-Louis Chauzy, a souligné le danger d’une absence de dialogue et le risque que la direction allemande de Continental ne préfère l’Allemagne à la France pour ses futurs investissements.

“Les discussions doivent reprendre dans l’urgence”, a-t-il dit dans un communiqué en proposant une nouvelle réunion lundi.