Un petit tour et puis s’en va. Jeudi 14 octobre 2010, la Chambre de commerce tuniso-algérienne (CCTA) a réuni une centaine d’hommes d’affaires des deux pays pour une «rencontre du partenariat tuniso-algérien», deux ans après le dernier rendez-vous tenu à Alger. Pendant près de quatre heures d’un dialogue franc et courtois, les businessmen des deux pays –frustrés- constatent l’absence de percée majeure –pour ne pas dire l’impasse- vers des relations économiques et commerciales plus étroites.
En hôte de la réunion, M. Mouldi Ayari, président la partie tunisienne au sein de la CCTA s’efforce, d’abord, d’embellir la réalité. «En 2010, et malgré la crise économique et financière, les échanges commerciaux ont continué sur le même rythme ascendant, et cela confirme la volonté des directions des deux pays dont les relations sont exemplaires».
Mais, cela n’empêche pas le membre du bureau exécutif de l’UTICA de formuler l’espoir que «les relations économiques se hissent au moins au niveau des rapports politiques» et, même, de devenir un peu critique : il «n’est pas raisonnable qu’un entrepreneur ne puisse pas résider plus de trois mois» en Tunisie et en Algérie, estime-t-il. Avant de souligner la nécessité «de garantir la liberté de circulation aux citoyens et hommes d’affaires des deux pays, dans le cadre de la vigilance requise».
«La route est encore longue», lui répond en écho M. Moncef Othmani, président de la partie algérienne. Qui relève la baisse continue des échanges commerciaux tuniso-algériens, passés selon lui de 1,2 milliard de dollars en 2008 à 806 millions de dollars l’année suivante –et peut-être nettement moins cette année, puisqu’ils n’auraient atteint que 492 millions de dollars durant les 8 premiers mois de 2010.
Puis, l’homme d’affaires algérien se fait l’avocat de son pays et en défend les décisions prises en 2009 en vue de restreindre la marge de manœuvre des investisseurs étrangers en Algérie –en leur imposant notamment de prendre un associé algérien obligatoirement majoritaire à hauteur de 51% dans chaque projet de partenariat.
Appelant à «essayer de construire un espace économique maghrébin sur la base des échanges équilibrés», Moncef Othmani explique que ces mesures «ont été prises pour corriger la démarche». Continuant sur sa lancée, l’homme d’affaires algérien appelle «nos frères tunisiens à s’occuper de l’Algérie» pour deux raisons. D’abord, parce que le champ est devenu grand», notamment avec le programme de développement du président Bouteflika pour les cinq prochaines années (2010-2014) auquel l’Etat va consacrer 286 milliards de dollars. Ensuite, parce que «plusieurs facteurs –dont la communauté de civilisation, de langue, etc.- peuvent leur permettre de prendre la tête des opérateurs économiques traitant avec l’Algérie». Et pour M. Othmani, il leur appartient «d’œuvrer à saisir cette occasion».
Un discours qui se voulait rassurant et constituait une réponse à l’inquiétude et à la frustration exprimée dans un document mis en circulation par la partie tunisienne. On y lit notamment que «les dernières mesures prises par l’Algérie» pour imposer la présence d’un associé algérien détenant 51% et 30% dans les projets réalisés avec des étrangers «ont ralenti le flux des investissements tunisiens» vers ce pays.