USA : la banque centrale prête à soutenir davantage l’économie

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ège de la Fed à Washington, le 4 mai 2008 (Photo : Karen Bleier)

[15/10/2010 18:27:35] WASHINGTON (AFP) Le chef de la banque centrale américaine Ben Bernanke a mis vendredi tout son poids en faveur d’une nouvelle injection de liquidités destinée à soutenir la croissance et les prix aux Etats-Unis, au risque de voir son pays accusé d’alimenter une “guerre des monnaies”.

“Il pourrait sembler (…) qu’il y ait des raisons d’agir davantage” pour soutenir l’économie, a déclaré M. Bernanke, lors d’un discours à Boston.

Derrière ces propos sibyllins se cache une préférence pour un nouvel assouplissement de la politique monétaire.

Pour le président de la Réserve fédérale (Fed), “le risque de déflation est supérieur à ce qui est souhaitable”.

Vu la faiblesse de la reprise, “le taux de chômage ne devrait se réduire que lentement”, et “cette perspective est une inquiétude centrale”, a ajouté M. Bernanke, rappelant la double mission de la Fed: assurer le plein emploi et la stabilité des prix.

La Fed réfléchit depuis quelque temps à un nouveau programme de rachat d’obligations du Trésor américain à long terme afin de faire baisser encore les taux d’intérêt à long terme, déjà bien bas, alors qu’elle maintient les taux courts au plancher avec son taux directeur quasi nul depuis mi-décembre 2008.

L’idée serait donc de tenter d’abaisser encore le coût du crédit afin de stimuler l’investissement et donc l’activité économique, mais elle divise les dirigeants de la Fed.

Comme l’a reconnu M. Bernanke, l’injection de liquidités dans le circuit économique que cela entraînerait n’est pas sans risques et ferait peser des menaces d’inflation.

Se montrant rassurant, M. Bernanke a affirmé que la Fed, en mettant sur pied une politique de sortie de crise, s’était d’ores et déjà dotée des outils devant lui permettre de retirer rapidement, le moment venu, les centaines de milliards de dollars qu’elle a déjà injectés dans le système et qu’elle pourrait encore y déverser.

Pour Sal Guatieri, analyste de BMO Capital Markets, M. Bernanke “a clairement jeté tout son poids dans la balance pour la faire pencher en faveur du camp favorable à un assouplissement” monétaire supplémentaire.

Le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) prend ses décisions sur le mode d’un consensus subtil.

James Bullard, un des membres du FOMC n’ayant pas encore clairement choisi son camp, a récemment expliqué que le président de la Fed, de par son autorité et le respect qu’il inspire, pouvait orienter les décisions du Comité en cas de blocage.

L’indice des prix à la consommation publié vendredi renforce l’argumentation de M. Bernanke et des partisans de nouvelles mesures de soutien pour contrer une éventuelle déflation.

Selon les chiffres du département du Travail, la hausse des prix a en effet nettement ralenti, à 0,1% sur un mois et l’inflation de base en glissement annuel est tombée à 0,8%, son plus bas niveau depuis 1961.

Pour M. Guatieri, cela “pourrait même convaincre quelques uns des champions de la lutte contre l’inflation de la nécessité d’agir davantage”.

Le discours de M. Bernanke rend plus probable une intervention massive de la Fed, qui pourrait être décidée dès le 3 novembre à l’issue du prochain FOMC, et qui pèserait à long terme sur la valeur du dollar.

Il a fait par avance reculer le billet vert sur le marché des changes, alors que grandissent les craintes d’une guerre des monnaies entre pays riches et émergents, qui s’accusent les uns les autres soit d’affaiblir délibérément les cours de leur monnaie pour favoriser leurs exportations, soit d’exercer des pressions indues pour renforcer les devises d’autres Etats.