étal en fusion fabriquées dans une usine de l’est de la Chine, à Hefei, le 14 juillet 2010 |
[16/10/2010 08:47:49] LONDRES (AFP) La Chine, deuxième économie mondiale et désormais premier pays consommateur d’énergie de la planète, bouleverse les marchés des matières premières par son insolente croissance, faisant grimper les cours des métaux et focalisant l’attention du secteur pétrolier.
“La Chine est désormais le plus important consommateur d’énergie dans le monde selon notre définition”, a assuré cette semaine à Londres le directeur de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) Noble Tanaka.
“La moitié de la hausse dans la demande mondiale de pétrole vient probablement de Chine, cela monte encore et personne ne sait quand cela pourra ralentir”, a ajouté M. Tanaka.
La Chine, qui tire pourtant 70% de son énergie du charbon, est aussi le deuxième consommateur de brut derrière les Etats-Unis.
Réunis à Londres cette semaine pour la conférence Oil & Money, analystes et professionnels de l’industrie pétrolière ont insisté sur l’omniprésence d’une Chine énergivore, dont l’intense activité “redistribue les cartes” du marché du pétrole: “le centre de gravité se déplace du Moyen-Orient vers l’est”, selon Mikkal Herberg, consultant du National Bureau of Asian Research.
Pékin multiplie les investissements massifs pour garantir ses approvisionnements en pétrole, de l’Irak à l’Amérique latine, où le premier raffineur chinois Sinopec a racheté début octobre 40% de la branche brésilienne de la compagnie espagnole Repsol.
“La Chine veut assurer tout ce dont elle a besoin pour alimenter sa croissance”, que ce soit dans l’énergie ou dans les matériaux bruts comme les métaux, et “cela se reflète dans sa diplomatie”, a expliqué Philippa Malmgren, présidente de la société de consultants Canonbury Group, lors d’un récent séminaire du LME, la Bourse des métaux londonienne.
Par son ampleur, la demande chinoise nourrit la hausse des prix des métaux de base: pour certains analystes, l’envolée récente des cours, revenus à leurs niveaux d’avant la crise de 2008 pour le cuivre ou grimpant à des records absolus comme l’étain, pourrait même amorcer un “super cycle” de hausse de plusieurs années.
Dans ce schéma, le faible accroissement de l’offre mondiale de métaux serait très insuffisant pour répondre aux besoins exponentiels des marchés émergents, dominés par la Chine, entretenant ainsi une constante progression des prix.
“Nous avons là-bas une demande structurelle qui n’est pas près de décroître: la construction d’aéroports, de chemins de fer ou de nouvelles villes est très gourmande en métaux!”, observe Mme Malmgren.
Pour le cuivre, très utilisé dans l’industrie et le bâtiment, “les besoins de la Chine devraient doubler sur la prochaine décennie”, confirme Daniel Brebner, analyste de la Deutsche Bank.
D’autres économistes sont plus prudents, mettant en avant la dépendance de l’économie chinoise vis-à-vis des économies occidentales et la volonté de la Chine elle-même d’éviter la surchauffe.
“Il y a le risque d’une bulle sur les prix. Bien que la Chine soit le plus gros consommateur de métaux industriels, elle n’est pas immunisée contre ce qui se passe en Occident”, où se trouvent ses débouchés, estime John Higgins, de Capital Economics.
“Les trois plus gros consommateurs de métaux derrière la Chine sont les Etats-Unis, le Japon et l’Allemagne, qui vont faire face à une période de croissance molle”, ce qui devrait calmer la demande mondiale, ajoute-t-il.
Selon les analystes de Natixis, le plan drastique d’économie d’énergie imposé par Pékin à son industrie, qui a entraîné depuis cet été la fermeture de nombreuses fonderies du pays, pourrait aussi contribuer à atténuer un peu l’insatiable demande chinoise,