La ruée sur les pompes des automobilistes, inquiets d’une pénurie

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ée par la pénurie d’essence à Nice, le 15 octobre 2010 (Photo : Valery Hache)

[16/10/2010 12:23:12] EVRY (AFP) Stations fermées ou surveillées par la police, longues queues où les esprits s’échauffent : les automobilistes se sont rués sur les pompes samedi, craignant une pénurie de carburant provoquée dans les raffineries par le mouvement contre la réforme des retraites.

Sur la N7 à Ris-Orangis (Essonne), deux véhicules de police surveillent la file d’une vingtaine de voitures après que deux automobilistes ont manqué en venir aux mains. Il faut compter au minimum une demi-heure d’attente pour arriver à la pompe.

“Beaucoup de gens mettent 20, 30 euros, visiblement ils prennent leurs précautions”, raconte le pompiste qui explique que, dès vendredi soir, la queue a provoqué un bouchon sur la Nationale. “Je suis venu ce matin à l’ouverture avec ma voiture et là, c’était pour celle de ma belle-mère”, acquiesce Gilles, un quadragénaire qui refuse de donner son nom.

Tout près, à Viry-Châtillon, un jeune homme, Firmin, explique qu’il a déjà trouvé trois fois rideau baissé. Pas certain qu’il soit plus chanceux cette fois : “D’ici une demi-heure, je ferme. Les gens sont inquiets. D’habitude le samedi, les premiers clients arrivent vers 09H00. Là, ils étaient là dès l’ouverture, à 06H00”, relève l’employé de la station.

Pour de nombreux Franciliens, la voiture est indispensable pour aller travailler toute la semaine.

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Un automobiliste remplit des jerricanes dans une station essence parisienne, le 14 octobre 2010 (Photo : Etienne Laurent)

A deux pas de l’aéroport de Roissy, où une pénurie de kérosène pour les avions est redoutée à partir du début de semaine, le parking jouxtant la station Total est bondé.

“Ce que je conduis là, c’est la navette de l’hôtel”, raconte Franck Havard, 37 ans, directeur de la restauration à l’hôtel Radisson tout proche. “Le réservoir est loin d’être vide. Mais je veux m’assurer que les clients n’auront aucun problème.”

Venu d’Eure-et-Loir pour accompagner une cousine qui prenait un avion pour la Turquie, Yasar Mumcu, 24 ans, attend aussi : “A Chartres, dans les endroits où j’ai l’habitude de me rendre, il y a trop de monde… Je suis allé dans un centre commercial, c’était blindé. Je me suis rendu dans une station service, elle était carrément fermée.”

Place d’Italie à Paris, la queue atteint plusieurs dizaines de mètres dans la matinée.

En Seine-Saint-Denis, au nord de la capitale, la situation n’est pas plus rassurante. “Nous n’avons plus de gasoil, et nous n’en aurons pas avant lundi”, a déclaré à l’AFP la responsable d’une station BP à Montreuil-sous-Bois qui n’offre plus que du super.

“Il y a énormément de demande depuis le début du week-end. Nous avons été livrés vendredi en gasoil. En temps normal un camion nous fait deux jours, là en une journée tout était partie”, poursuit-elle.

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à Paris, le 14 octobre 2010 (Photo : Etienne Laurent)

Pour les adeptes du Diesel, le salut ne passera pas par le centre commercial Leclerc proche de Clichy-sous-Bois : “Nous n’en avons plus et n’avons aucune date de livraison de prévue”, raconte un employé, Jean-Claude. “Les réserves de super sont également au plus bas.”

De nombreuses stations restent toutefois ouvertes. A la station Total de Bagnolet (Seine-Saint-Denis), on relève “beaucoup plus de monde qu’un week-end habituel, depuis très tôt ce matin, mais aucune pénurie pour l’instant.”