à l’effigie de Nicolas Sarkozy dans le cortège à Strasbourg, le 16 octobre 2010 (Photo : Frederick Florin) |
[16/10/2010 17:38:14] PARIS (AFP) Des manifestations très importantes, mais moins suivies que le 12 octobre, ont eu lieu partout en France samedi contre la réforme des retraites, sur fond de durcissementdu conflit et de pénurie naissante de carburants, notamment à l’aéroport de Roissy.
La traditionnelle polémique sur le nombre de participants n’a pas fait défaut pour cette cinquième journée de mobilisationdepuis la rentrée, à quatre jours de l’adoption du texte par le Sénat. Le ministère de l’Intérieur a décompté 825.000 manifestants, “plus bas niveau” depuis le début du mouvement contre les retraites, les 7 septembre, tandis que la CGT en a annoncé près de 3 millions.
A Paris, le syndicat a relevé 310.000 manifestants, autant que le 2 octobre, précédente journée organisée un samedi, et la préfecture 50.000, soit 13.000 de moins. Très forte divergence aussi pour Marseille (16.400 d’un côté, 180.000 de l’autre), Bordeaux (13.500, 130.000) ou Toulouse (de 24.000 à 130.000).
étudiants manifestent à Paris, le 16 octobre 2010 à Paris (Photo : Fred Dufour) |
Les syndicats considèrent cette journée comme un succès avec, selon François Chérèque, une affluence “équivalente” à celle du 2 octobre. “La lassitude n’existe pas dans la tête des gens, au contraire”, a estimé le numéro un de la CFDT.
Son homologue de la CGT Bernard Thibault assure que le mouvement “s’élargit”. “On va aller aussi loin continuer aussi longtemps qu’il le faut”, a-t-il dit.
A en croire Jean-Claude Mailly (FO), “cela augure d’une mobilisation encore plus forte” pour la journée d’action de mardi prochain, veille du vote au Sénat.
François Chérèque a accusé le gouvernement d’avoir “radicalisé le pays” et d’être “en train de le bloquer”.
é en fuel sur le tarmac de Roissy, le 16 octobre 2010 (Photo : Thomas Samson) |
L’arrêt progressif de dix des douze raffineries françaises, toutes en grève, menace de priver de kérosène l’aéroport de Roissy, qui dispose de réserves seulement jusqu’à lundi soir ou mardi, selon le ministère de l’Ecologie.
Le ministère assure toutefois qu’il n’y a aucun problème d’approvisionnement des stations-service en carburant jusqu’au “début novembre”, ce qui n’a pas empêché les automobilistes se sont rués sur les pompes.
La présence des lycéens dans les cortèges a été relativement discrète. Ils étaient 5.000 à Toulouse selon la FSU, un millier selon la police.
Leur irruption dans le mouvement avait fait craindre la répétition des incidents des dernières 48 heures.
Perpignan semble avoir été l’une des rares villes où la mobilisation était plus forte que le 12: entre 5.700 et 20.000 manifestants. Mobilisation très élevée aussi à Tarbes (de 20.000 à 30.000), et dans les Charentes (quelques dizaines de milliers de manifestants).
L’affluence a été plus forte que le 2 octobre à Rennes, (de 18.500 à 35.000 manifestants), et un peu plus faible à Lyon (de 16.000 à 38.000).
La détermination à poursuivre le mouvement ne paraît pas faiblir chez les manifestants. “Il faut aller jusqu’au bout, rester ferme et continuer avec des modes d’action différents”, affirmait à Bordeaux Daniel Daumières, 54 ans, animateur socio-culturel.
“S’ils repoussent comme ça l’âge de la retraite, ils vont nous enterrer vivants. Maintenant, c’est métro, boulot, caveau”, maugréait à Toulouse Raoul Bourbon, 56 ans, licencié de Molex.
Si la grève reconductible n’a pas pris dans les transports, le transport routier pourrait être touché à partir de lundi par des arrêts de travail. “Je sens une impatience, les gars disent +il faut y aller+”, a déclaré Maxime Dumont, du syndicat CFDT, majoritaire.
Affirmant que le vote définitif au Parlement pourrait intervenir vers le 27 octobre, Jean-Claude Mailly disait vouloir continuer: “Ce n’est pas parce qu’une réforme est votée qu’elle s’applique”.